A l’heure ou les éléphants et les éléphanteaux (seul l’âge et l’expérience ministérielle séparent les premiers des seconds) sont subitement tous devenus rénovateurs, le débat doit s’ouvrir, et pas seulement au fond des arrières salles de café. Le débat doit sortir à la lumière surtout dans la perspective du congrès du PS que nous voulons pour la fin de l’année.
Nous n’avons pas fait la synthèse au Congrès du Mans, et pour cela nous avons été mis au ban du PS, chassés des appareils et des investitures, comme s’il fallait effacer jusqu’au témoignage qu’une synthèse n’était pas la condition préalable de la victoire présidentielle.
Nous avons fait le choix de l’alliance pour l’investiture de Ségolène Royal lors de la primaire interne au PS. Nous avons fait campagne, intensément, aux côtés des milliers de militants qui s’étaient engagés en soutien à la candidate qui incarnait le renouvellement attendu par les Français. Nous avons salué les avancées du Pacte Présidentiel en regard du projet du PS. Ces avancées nous ont un peu plus engagé aux côtés de la candidate.
Cette belle campagne, dont il faudra faire aussi le bilan critique, nous avait presque fait oublier combien le PS, notre vieux parti, que nous aimons encore, s’était sclérosé, stérilisé, vitrifié. Lors du Conseil National du 12 mai le choc a été rude : les lumières de la campagne éteintes, le couvercle s’est refermé, la chape de plomb est retombée entre habiletés du premier secrétaire et montée en ligne des ténors. Chacun s’en est aperçu puisque très vite il a été évident que ça se passait ailleurs.
Le PS est confronté à plusieurs risques majeurs, parmi lesquels :
la dérive vers le "socialisme municipal" : indifférent aux enjeux nationaux, parce que devenu incapable de les prendre en compte et d’être vraiment une force d’alternance, le PS risque de devenir un parti amortisseur, dans les collectivités territoriales, auxquelles la décentralisation transfère le "social", des chocs liés aux réformes engagées par la droite. la SFIO a connu cela, dans les années 60. Avant la fondation du nouveau PS en 1971. Le retour au second tour de la présidentielle, d’une candidature issue du PS, grâce à Ségolène Royal, la mobilisation de 17 millions d’électeurs, la reconquête d’une partie de l’électorat populaire, montrent que cette dérive n’est pas inéluctable. Il faudra plus qu’un sursaut pour l’empêcher ;
l’absence d’idées : l’élaboration du projet, après le Congrès du Mans, l’a montré. Le PS n’est plus en capacité de produire des idées, il n’est pas non plus en capacité d’intégrer les idées venues d’ailleurs, qui pourtant existent en abondance. Le PS a oublié, en 10 ans, sa capacité à débattre, et à trancher. Et de surcroît il est affecté d’une grave myopie stratégique : il ne regarde pas ou plus la société française telle qu’elle est mais telle qu’il aimerait qu’elle soit. Sa sociologie, sa pyramide des âges, n’aident pas à opérer la révolution culturelle qui s’impose. Pourtant, dans d’autres pays, les partis de gauche ont su opérer leur métamorphose. Mais pour cela nous avons besoin de chercheurs et d’innovateurs et pas des clercs célébrant le rituel vide de sens que nous a livré le Conseil National de samedi dernier, où chaque orateur jouait son rôle traditionnel et convenu dans une distribution sans surprise. Pour vaincre cette inertie mortifère il nous faudra de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ...
la victoire par défaut, forcément annonciatrice de reflux rapide et de déceptions profondes. La séquence 2002 - 2007 marquée l’alliance ologopolistique entre éléphants autour des synthèses concoctées par le 1er secrétaire s’appuyait sur une option stratégique implicite : après le flux en faveur de la droite, il y aurait le reflux, l’alternance obligée, automatique. Il n’en a rien été : l’électorat a tué cette habileté, il a préféré le "sortant" parce que lui avait fait sa mue ... et s’est révélé pour une majorité nette de français, comme le plus crédible en regard de la demande de changement. Il est temps, plus que temps, de travailler à retrouver les fondamentaux des victoires politiques durables : rechercher l’adhésion à nos valeurs. Et ce n’est pas une simple question de programme politique, c’est une question qui a à voir avec la fameuse hégémonie culturelle dont Gramsci disait qu’elle précédait les victoires politiques.
Il est donc urgent de débattre, au risque de la "dispute".
Le débat sera le terreau préparatoire du Congrès que nous appelons de nos voeux avant la fin 2007. Ce Congrès lancera le travail de refondation intellectuelle, il faudra donc le refonder lui-même. Il sera aussi le moment d’émergence d’un nouveau leadership qui rompra avec l’ambiguité et les habiletés des 5 dernières années. Nous pourrons alors nous opposer, clairement, frontalement, à l’hyper présidence de Nicolas Sarkozy. Nous n’aurons pas trop ensuite de quatre années pour construire un projet alternatif à celui de la droite.
Pour que le débat sorte un peu plus encore des catacombes, nous mettons le blog RM à la disposition de toutes celles et tous ceux qui veulent s’en saisir.
Il y a deux manières de faire :
1) poster des commentaires sur les fils de discussion ouverts. Les commentaires sont modérés afin d’assurer le respect de la netéthique.
2) ouvrir un fil de discussion en proposant un billet à mettre en ligne. Il suffit de l’envoyer à l’adresse courriel de la rédaction du site.
Précision : nul besoin d’être "rénovateur-trice" dûment estampillé ou même d’être encarté PS (encore qu’ adhérer en ligne avant le 30 juin serait un plus pour joindre le geste à la parole ... et avoir plus de chances de participer au prochain Congrès du PS !) ;-)
Rendez-vous sur le site Rénover, maintenant
2 commentaires:
C'est un constat dur et lucide et il faut du courage pour le dresser. Et puis... C'est aussi motivant, tout ce travail.
Christophe
Je partage (comme souvent) ta très bonne analyse.
Oui à une refondation-réforme-modernisation-rénovation du PS mais pour quoi mettre dedans ?
Je suis plus que d'accord avec toi sur la situation oligopolistique de ce parti mais ce qu'il faut aussi noter c'est l'écart impressionnant entre cette oligopole et ses élécteurs. Comment ces dirigeants assujétis à l'ISF comprennent l'urgence sociale autrement que dans les livres? Comment appréhendent-ils la pression sociale en entreprise ?
La seule chose que j'ajouterai personnellement à ton analyse est de se demander si, sous couvert de modernisme et de féminisation de la vie politique, nous n'avons pas été aveuglés par la lumière et fait une erreur de casting. En effet, que ce soit au soir du premier tour ou lors du débat télévisé, notre candidate n'a pas convaincu au dela de son camp et c'est dommage.
Battons nous cela vaut le coup
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