Nicolas Sarkozy a choisi le vendômois pour venir présenter les premières conclusions des Assises sur les Territoires ruraux, lancées le 7 octobre dernier et qui se sont tenues partout en France. L'édition départementale de ces assises, pour la circonscription de Vendôme, s'était tenue également à Morée, réunion à laquelle j'avais participé aux côtés de nombreux élus locaux et à laquelle j'avais apporté ma contribution écrite, transmise au Préfet.
Parler de la ruralité, c'est évoquer les profondes mutations de ces territoires, quand certains connaissent un regain d'activité et l'arrivée de nouvelles populations avec des besoins en services nouveaux et adaptés alors que d'autres déclinent et qu'il faut leur trouver les moyens de valoriser leurs potentiels.
Parler de la ruralité, c'est évoquer les profondes mutations de ces territoires, quand certains connaissent un regain d'activité et l'arrivée de nouvelles populations avec des besoins en services nouveaux et adaptés alors que d'autres déclinent et qu'il faut leur trouver les moyens de valoriser leurs potentiels.
Parler de la ruralité, c'est réfléchir aux pratiques à impulser pour maintenir ou accroître l’attractivité des territoires ruraux en intervenant sur le développement des activités économiques, la vie quotidienne des populations et l'organisation même des territoires, thèmes abordés lors des assises départementales.
Parler de la ruralité, c'est l'occasion pour tout acteur local, quelque soit sa responsabilité, politique, économique, associative, de prendre part aux débats, d'apporter sa vision de l'aménagement du territoire.
Dans un contexte de reculs avérés de services publics et de désengagements répétés de l'Etat, à l'exemple même des bureaux de Poste, et Morée en est la parfaite illustration, il s'agit bien de peser dans le débat, d'apporter la contribution ou la contradiction.
La Région est un acteur majeur de l'aménagement du territoire, ses compétences en la matière sont essentielles. Le travail que nous effectuons au sein des Pays Vendômois et Beauce Val de Loire que j'accompagne comme Conseillère régionale référente nous amène au quotidien à réfléchir à la problématique de la ruralité pour écrire nos 3e contrats de Pays utiles à nos concitoyens. A l'échelle de la Communauté du Pays de Vendôme, nous y posons les mêmes enjeux alors que nous sommes entrain de finaliser notre projet de territoire.
Ma contribution au débat est nourrie également par l'engagement qui est le mien dans les domaines de l'éducation et de l'agriculture, que ce soit comme élue en pleine période de définition des moyens alloués pour établir les cartes scolaires ou comme Responsable du Centre de Formation d'Apprentis Agricoles de Montoire sur le Loir.
Je vous propose de publier aujourd'hui de nouveau cette contribution mise en ligne le 27 novembre dernier. Vous pouvez également consulter les documents de travail qui ont été diffusés à l'occasion des assises locales en cliquant sur le site de la Préfecture du Loir-et-Cher.
Je serai mardi à Morée afin de prendre note des orientations, rendez-vous ensuite sur mon blog pour commenter les propositions qui auront été présentées.
Les territoires ruraux, des territoires d'avenir (27 novembre 2009)
Les Assises sur les territoires ruraux se tiennent cette semaine dans notre département. D'une réflexion collective, il est utile de faire ressortir les enjeux, d'établir un diagnostic partagé, de proposer des modalités d'intervention publique, d'accompagner les mutations de ces territoires, de valoriser leurs atouts et enfin de trouver les moyens de les dynamiser sur le plan économique et des services à la population. Ce matin les premières assises se tenaient à Morée pour le vendômois.
Un constat fort, les territoires ruraux dans leur diversité sont en pleine mutation, avec une évolution et une modification profonde de l'activité agricole et une arrivée de populations nouvelles souvent chassées des zones urbanisées où l'acquisition immobilière est impossible pour les revenus modestes ou attirées par un cadre de vie plus agréable ou enfin par une acquisition de résidence secondaire. Parmi ces « migrants », on trouve surtout des populations issues des classes populaires et modestes. Aujourd'hui, ce « désir de campagne » s'illustre par le fait qu'un habitant sur quatre vive en milieu rural et souhaite plus qu'hier bénéficier des services de proximité adaptés liés à son mode de vie.
Une offre de services publics de base est indispensable pour attirer puis maintenir une population sur un territoire. Les moyens de transport et de communication en sont la première condition, mais on peut aussi évoquer la présence de services de santé (une offre inférieure à la moyenne française pour la région Centre), mais aussi d'éducation, de péri-scolaire, de logements sociaux.
Par ses compétences, la Région est un acteur majeur en matière d'aménagement du territoire, en soulignant l’importance de tous les territoires, ruraux comme urbains, pour un développement et un aménagement équilibré et durable de notre pays.
En Région Centre, cette politique passe par des outils contractuels, c'est à dire des visions partagées avec des pays (contrats de pays), des agglomérations (contrats d'agglo), des cœurs de village (pour réhabiliter les centres-bourgs et construire du logement social dans les communes de moins de 6000hab) et des contrats Ville-moyenne (pour les communes pôles de centralité supérieures à 7000hab)
Alors que ces politiques territoriales sont portées et que les besoins n'ont jamais été aussi importants, on observe que l’Etat accélère son désengagement, ici par des fermetures de bureaux de poste, là par des suppressions de classes voir d'écoles, et ce pour des raisons d'économies budgétaires. C'est donc vers les communes, et les communautés de communes, souvent avec des budgets limités, que les regards se tournent. Elles doivent faire alors face aux demandes croissantes de leurs habitants tout en veillant à impulser des nouvelles dynamiques pour stimuler leurs territoires (création de zones d'activités, ouvertures de maisons des services...).
Elles doivent aussi investir dans leurs écoles, souvent les agrandir, adapter les restaurants scolaires aux normes sanitaires, créer des espaces de garderie, sans moyen budgétaire nouveau pour répondre aux demandes des familles.
Il est utile de réfléchir aux pistes permettant d'accompagner les mutations de ces territoires.
Quelques pistes et propositions sur lesquelles je souhaite attirer l'attention:
- faire évoluer les politiques contractuelles régionales : Une réserve à cette proposition tient d’une part à la réforme des collectivités territoriales en cours où le partage des compétences devra être clarifié et d’autre part à la possibilité de refonte des politiques territoriales actuellement menées rendue possible après les futures échéances électorales et le renouvellement de l'assemblée régionale. Faire évoluer les politiques contractuelles régionales, notamment en :
--aidant les communes dans leurs compétences propres comme par exemple les affaires scolaires, pour rénover ou agrandir l'école du village, l'aménagement de la voirie, la gestion de l'assainissement... autant de missions aujourd'hui difficiles à assumer faute de moyens adaptés et faire de la solidarité envers les petites communes une priorité
--adaptant les aides à destination des villes-moyennes, en considérant qu'une « ville-moyenne », un pôle de centralité, c'est aussi un chef lieu de canton, à partir de 1000-1500 habitants, qui est attractif pour les habitants dans une couronne de 10 à 15 km aux alentours : aujourd'hui le seuil pour cette aide est fixé à 7000 habitants, dans notre département, et ainsi très peu de communes sont éligibles alors que les projets, les demandes, sont nombreuses et réelles. En abaissant ce seuil et en établissant un diagnostic adapté, une commune de taille moyenne qui aurait à assumer les charges de la centralité, pourrait se voir proposer un dispositif adapté pour accompagner ces projets particulier
- donner la priorité au maintien de l'offre de formation sur les territoires proposée tout au long de la vie.
Il faut être attentif notamment aux établissements de formation dans le secondaire, collèges et lycées. D'abord, parce que leur présence actuelle permet aux plus jeunes de poursuivre leurs études dans un territoire proche, notamment jusqu'au baccalauréat contribuant ainsi à l'élévation nécessaire du niveau de qualification, mais aussi parce que la présence d'un établissement scolaire contribue à la dynamique du territoire: création d'emplois, animations induites par les scolaires, soutien à l'activité économique locale.
Ayant assisté à la fermeture l'an dernier d'un lycée agricole dans le Cher, à Vailly sur Sauldre et à ses conséquences sur le territoire avec la perte lourde d'une source d'activités et d'emplois, je considère aujourd'hui que nos collèges, nos lycées, constituent un atout à préserver.
Je pense par exemple au Lycée et Centre de Formation en Apprentissage agricole de Montoire-sur-le-Loir. Ces structures forment de futurs salariés et chefs d'exploitations agricoles, tous sortent de ces établissements avec une insertion professionnelle garantie. Aujourd'hui, l'enjeu pour ce site est d'élargir son offre de formation, en maintenant sa spécificité liée à l'agriculture locale. Un des leviers, c'est actuellement la préparation de la prochaine séance plénière de la Région qui sera consacrée à la carte de l'apprentissage. Je suis particulièrement attentive à ce que notre assemblée régionale vote l'ouverture d'une formation post-bac, un BTS, une formation pour les futurs exploitants agricoles en lien avec l'activité économique du secteur. Mais parallèlement, ce sont les moyens alloués par le Ministère de l'agriculture qu'il faut continuer à mobiliser sur le lycée en maintenant et développant les formations par la voie scolaire.
Dans le même ordre d'idée, j'ai accompagné en concertation avec le rectorat le lycée de St Aignan situé dans la vallée du Cher, vers les formations de soins à la personne, redonnant à ce lycée une dynamique qui était nécessaire en adaptant son offre de formation aux besoins des populations locales.
Montoire, St Aignan, 2 exemples illustrant la nécessité pour nous tous, acteurs locaux, de porter un regard attentif sur le maintien et le développement de notre offre de formation. Notre secteur est doté d'établissements de qualité, lycées, CFA, MFR, organismes de formation pour adultes, publics et privés, il est impératif d'engager une réflexion partagée sur l'évolution de la carte des formations en rapprochant notamment les acteurs du monde de l'éducation et décideurs économiques.
- ré-inventer la ruralité: parce que ruralité rime avec modernité, il est utile de repenser l'aménagement du territoire et l'offre de services offerts aux populations avec originalité, inventivité et pertinence. Grâce aux aides régionales qui abondent les budgets des Pays, nous avons vu naître des dispositifs originaux qui allient au travers d'une offre de services inscrite dans une démarche de développement durable la modernité liée aux moyens de communication, la spécificité du territoire et la proximité avec les habitants.
La médiathèque de Selommes que j'ai inaugurée en mai 2006 est en l'une des illustrations. Ce centre de ressources documentaires complet, adapté aux différents publics, a été porté par la communauté de communes de Beauce et Gâtine au cœur d'un canton rural. Ainsi cet équipement est un lieu de diffusion moderne et de proximité du livre: les abonnés peuvent de chez eux consulter la base de données documentaire, réserver et se faire livre un ouvrage. Ce projet structurant illustre la nécessaire inventivité d'un service adapté de proximité porté par les collectivités locales dans un contexte financier souvent difficile et incertain.
De la même façon la médiathèque de Fréteval, portée par la communauté de communes du Haut-Vendômois contribue à organiser l'accès à la lecture et à la culture dans un lieu dédié et à alimenter régulièrement les bibliothèques des villages alentours.
Inventer la ruralité, c'est faire en sorte de créer là où cela est nécessaire des équipements innovants et adaptés ou bien proposer que les services viennent directement aux habitants. La garderie itinérante La Souricette entre Mondoubleau, Sargé sur Braye et Choue en est l'un des exemples les plus proches. Le Haut-Vendômois subit de plein fouet la réorganisation et la fermeture annoncée des bureaux de poste de Freteval et Pezou et la réduction des heures d'ouverture du bureau central de Morée. Autant des évolutions de La Poste peuvent être possibles pour permettre que le service soit maintenu, autant cette situation contraint les communes ou les commerces à prendre le relais transformant l'offre à un point tel que les usagers sont perdus car la confidentialité liée à certaines opérations bancaires ou postales ne peut être pleinement respectée. Comme pour la garderie la Souricette il pourrait être intéressant d'inventer une autre offre postale sur nos territoires, mobile elle-aussi, itinérante, à la charge et sous la responsabilité de La Poste, qui permettrait à la fois le maintien d'une offre de proximité, aux horaires adaptés aux demandes des usagers, tournante dans les locaux actuels voir, dans un cadre moins onéreux que l'entretien de bureaux de poste ouverts seulement quelques heures par semaine, via un bureau de poste itinérant, équipé de tous les outils nécessaires à la qualité de service.
On parle souvent d'« exception culturelle à la française », indéniablement la ruralité y contribue. Nos territoires ruraux sont en pleine mutation, à nous d'inventer les moyens de les accompagner, développer les activités économiques, valoriser leurs atouts et faciliter la vie quotidienne des habitants.
Trois enjeux, trois pistes de réflexion :
- le rôle de la Région, comme acteur de l’aménagement du territoire
- l’élaboration de la carte des formations en créant des dynamiques de réflexion à l’échelle des territoires entres les acteurs économiques, les élus et les responsables de l’éducation et de la formation
- le lien social à préserver, la proximité à construire autrement en inscrivant la ruralité dans la modernité, en considérant que la mobilité des services puisse être une des solutions à rechercher
Réinventer la ruralité, c’est chercher le chemin du possible, c'est trouver dans la créativité les ressources nécessaires pour imaginer les services de demain, développer des activités qui permettront à chacune et chacun d'entre nous, aux différents âges de la vie, de vivre bien sur son territoire, de vivre et d'aimer son territoire.
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