J'ai accepté avec enthousiasme de participer à l'invitation de l'Association Vivre Ensemble à la pose de la première pierre de la future mosquée de Blois et je considère que cet évènement est hautement symbolique pour l'ensemble de la communauté musulmane.
Alors que la Suisse vient de se prononcer contre la construction des minarets dans le cadre d'un référendum à l'initiative des mouvances nationalistes et d'extrême droite, il est important que la France, république laïque, permette et garantisse à chacun le libre exercice de pouvoir exercer librement son droit individuel de croyance et de culte.
Le respect de l'individu passe nécessairement par la reconnaissance de ce qui lui est le plus personnel, à savoir sa croyance. On peut avoir un ou plusieurs Dieux, ou pas de Dieu du tout, mais il est nécessaire que dans notre République où les trois mots « liberté, égalité, fraternité » trônent sur tous les frontons de nos mairies, que chacune et chacun puisse avoir sa liberté d'être et de penser.
A Blois comme encore trop souvent ailleurs, les fidèles de la deuxième religion de France, l'Islam, sont contraints de se retrouver pour exercer leur culte dans des lieux exigus, voire inconfortables, et souvent insalubres. Parkings souterrains, caves de HLM.., ce n'est pas admissible dans une société moderne et civilisée que le respect d'une religion ne puisse pas se traduire par la possibilité offerte à ses croyants de la vivre dans des lieux adaptés et dignes.
La France, héritière de la civilisation chrétienne, possède sur son territoire de nombreux lieux de culte. Ceux construits avant 1905, loi dite de séparation entre l'Eglise et l'Etat, sont entretenus par les deniers publics. Ceux construits après 1905 échappent à cette règle. Ainsi l'Islam et les autres religions, arrivées plus tard, au rythme des vagues d'immigration, doivent construire des lieux de culte financés exclusivement par des fonds privés.
Le projet architectural blésois fait l'objet de nombreuses réactions au sein des mouvances d'extrême droite de notre pays. Il est possible que l'acte symbolique qui sera donné, à savoir la pose de la première pierre de la future mosquée de Blois, ravive une polémique caricaturale, basée sur l'ignorance et la peur de l'autre. Un minaret est tout sauf une question d'urbanisme. Il fait partie intégrante de la religion musulmane, au même titre que les clochers sont sur nos églises. La construction d’une grande mosquée est surtout un symbole, celui de l’intégration et de la reconnaissance de l’Islam. La Mosquée représente aussi lieu de culture, d'ouverture et de dialogue avec la société civile et les représentants des autres religions.
La France, pays des Droits de l'Homme, doit garantir le respect de tous ses habitants et cela passe nécessairement par le respect des religions. Notre pays doit savoir porter l'idée d'un islam de France et affirmer que cette religion, comme toutes les autres, y a sa place dans la société. Cela passe nécessairement par l’ouverture de lieux de culte en quantité suffisante et la construction de mosquées, la création de carrés musulmans dans les cimetières. Les maires ont un rôle moteur à jouer, tout comme ils peuvent avoir une capacité de blocage considérable, en refusant l'achat de terrain ou la délivrance de permis de construire sous des prétextes incompréhensibles.
Mais la France, pays laïc, doit aussi rester ferme et intransigeante sur ses principes. La Laicité affirmée permet la réelle unité du peuple, en garantissant la liberté de conscience de chacun, l'égalité de traitement de tous les citoyens et l'aspect universel de l'action de l'Etat. A ce titre, elle se doit de garantir la tolérance mais rester aussi rigoureuse envers toute forme de privation de l'être humain. Alors qu'une mission parlementaire sur la Burqa est en cours, je suis pour ma part favorable à son interdiction dans l’espace public . Je ne pense pas qu'une loi sur le port exclusif de la Burqa soit appropriée car elle pointerait le signe extérieur d'une religion, mais je pense qu'une loi relative à l'interdiction de tout ce qui nuit à l'individualité, à la singularité d'une personne, est nécessaire. Aucune aliénation de l'individu ne doit être permise dans un pays comme le nôtre .