12 mai 2007

"Promenade parisienne"

C'est comme cela que je qualifie mon escapade du jour pour assister au conseil national du PS qui se tenait à la Mutualité. Un conseil sans saveur, sans enjeux, sans vague, (il le fallait), pour tracer la route pour la campagne des législatives.

Le mot d'ordre, "rassemblement", a été prononcé par tous les orateurs, chacun se permettant toutefois d'évoquer certaines raisons de l'échec, d'autres se positionnant sur la recomposition du PS.

Enfin, chacun s'accorde également pour porter la "rénovation", terme devenu désormais à la mode et fréquentable (ENFIN ;))


Dernier message: Mobilisation générale dans les 577 circonscriptions!

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Retour sur les interventions:

"Il faudra donc faire preuve d’ingénierie politique, de créativité idéologique, et il faudra, c’est vrai, refonder." par A.Montebourg


Chers camarades, dans cette magnifique campagne qui laisse derrière nous des moments extraordinaires, nous avons vu, après les résultats de ce scrutin, réapparaître les deux France : à l’ouest, baignée dans la tradition démocrate chrétienne, plus urbaine, plus optimiste d’ailleurs, à l’est, la France, qui d’ailleurs avait voté non massivement au TCE, cette immense flaque bleue qui ensevelit d’ailleurs beaucoup de nos positions politiques, plus rurale, davantage périurbaine, et qui a fusionné et réalisé la fusion dans les urnes des trois droites.

Nous avons pu observer aussi les avantages stratégiques pris par nos adversaires, une organisation partisane quasi militaire autour d’un leadership de moins en moins contesté au fil du temps, une offre politique nouvelle à droite que nous avons su qualifier, mais que nous n’avons pas su vaincre. Saisissement de thèmes nouveaux. Positions politiques nouvelles, quand elles n’étaient pas dangereuses et provocatrices, jusqu’à l’atlantisme qui a été assez clairement assumé dans cette campagne. Une démonstration de puissance et de force dont nous n’avons pas pu offrir le pendant.

La droite n’est quand même pas, il faut le dire, sans contradictions et sans faiblesses. Nous avons pu observer les dérives démagogiques de l’adversaire, les promesses sans limite, et y compris sur le terrain social qu’il a cherché à occuper sur nos thèmes, il ne suffisait pas qu’il s’emparât de certains de nos symboles de nos grands dirigeants du siècle précédent, il est allé sur notre terrain, et y compris faire des propositions, et la question : est-ce qu’il y aura une opposition suffisante ? Nous disposons aujourd’hui d’une majorité UMP, 67 % des sièges, il suffira qu’une opposition suffisamment forte puisse mettre le doigt sur ces contradictions dès la campagne des législatives.

Préférence européenne et communautaire, comme il l’a affirmé, protection de l’agriculture et de l’industrie comme il l’a prétendu, ou adaptation du pays aux standards anti-sociaux de la mondialisation. Augmentation des plus petites retraites, plus 25 % a-t-il même déclaré pendant le débat, ou diminution des impôts, comme le bouclier fiscal en est la préfiguration, et réduction paraît-il de la dette.

Il faudra bien que nous soyons présents sur les failles politiques de ce qui pourrait, si nous n’y prenons pas garde, être, c’est vrai, certains l’analysent ainsi, je pense que nous pouvons encore avoir quelques doutes, un nouveau cycle politique dans le pays par rapport à la remise en question des compromis sociaux et politiques, notre premier secrétaire le faisait justement observer, noué il y a cinquante ans dans les accords passés avec le gaullisme dans la période de la Libération.

Il n’est pas certain, chers camarades, que l’esprit de la responsabilité individuelle, conçu par la droite comme le seul outil de régulation sociale sur les questions fondamentales mêmes de la protection sociale puisse convaincre durablement une majorité dans ce pays, qu’il est le salut dans un pays qui a besoin de politique, qui a un génie politique et qui est capable de maîtriser, il l’a montré dans son histoire, son destin en orientant des choix qui subissent et qui engendrent des efforts pour chacun de ceux qui appartiennent au pacte politique.

Pour cela, cela suppose, et c’est là la question de nos futurs débats après les élections législatives, nous avons évidemment à reconstruire nos positions politiques par rapport à la notion des garanties collectives que nous opposons et que nous offrons en face de cette exaltation de la responsabilité individuelle.

Nous n’avons pas été au clair et nous ne le sommes toujours pas, mais cela est notre travail, nous n’avons pas assez travaillé, c’est de notre responsabilité à tous, sur les questions de l’ampleur, de la quantité, du financement, et donc de la crédibilité de ces garanties collectives. Beaucoup ont rencontré dans cette campagne des citoyens qui nous disaient : « Je suis de gauche, mais je ne crois pas à ce que vous allez faire et ce que vous prétendez faire. Je suis de gauche, mais comment peut-on vous croire après ce que vous avez laissé comme héritage dont vous ne vous êtes pas vous-mêmes détachés ? Je suis de gauche, mais peut-être que je vais me laisser tenter par une alternative nouvelle, parce que vous-mêmes, vous n’avez pas fait sortir le papillon de votre ancienne chrysalide. »

Cette question, c’est la question de la rénovation qui travaille ce parti depuis le choc du 21 avril 2002, et sur lequel nous aurons besoin, je crois, il faut se le dire entre nous, de reconstruire notre crédibilité politique, position de fond après position de fond, et je suis d’accord pour que nous oubliions la question des slogans, des formules, comme le disait tout à l’heure Henri Emmanuelli, et que nous travaillons sur la question toujours des contenus et des points de rassemblement, à la fois sur notre droite et sur notre gauche, car je ne fais pas partie de ceux qui entreront dans la querelle des alliances, comme le disaient tout à l’heure un certain nombre d’entre nous, ce n’est pas le débat car nous avons besoin, non pas de l’un au détriment de l’autre, ou de l’autre au détriment de l’un, mais de l’un et de l’autre. Ce n’est pas fromage ou dessert, c’est fromage et dessert. Et c’est bien là le défi politique de nos travaux pour les mois à venir.

Il faudra donc faire preuve d’ingénierie politique, de créativité idéologique, et il faudra, c’est vrai, refonder.

Je veux dire un mot quand même, en rendant hommage à Ségolène Royal, sur les acquis de notre propre évolution, de notre propre transformation dans l’offre politique nouvelle qui s’est inscrite dans la campagne. La révolution démocratique à travers le projet de VIe République a bien progressé, les nouveaux outils de la régulation économique et fiscale sur lesquels nous avons là aussi un inventé un grand nombre de choses dans cette campagne, notamment l’analyse des deux économies, l’économie dominante et l’économie dominée, l’implantation, ce qui est nouveau dans l’offre des socialistes, des priorités écologiques, la réorientation du projet européen, la recherche de l’égalité réelle, notamment dans un certain nombre de domaines d’action publique, et notamment l’école.

Ce sont des acquis que nous devons conserver dans la campagne pour les élections législatives.

Je voudrais dire, en guise de conclusion brève, sur la nature de nos méditations collectives et ultérieures que, si la droite a montré la capacité à dégager un leadership surpuissant, nous avons, nous, en ce qui nous concerne, une forte propension à fabriquer des écuries qui entretiennent de sempiternelles et parfois artificielles divisions.

Nous avons besoin d’être capables, et y compris en réfléchissant sur nos propres modes de fonctionnement, sur l’élargissement à venir de notre outil, de l’instrument, comme disait Benoît tout à l’heure, de notre outil collectif, nous avons besoin de réfléchir à la construction et aux moyens par lesquels nous ouvrant sur la société, la gauche dans la société, qui nous a parfois fait défaut, la gauche de la société, qui elle-même ne s’est pas retrouvée dans l’offre politique que nous lui faisions, peut-être que la vitesse avec laquelle les transformations ont eu lieu ne les ont pas habitués à ne pas avoir de doutes à notre sujet.

Nous avons besoin de réfléchir à notre mode de fonctionnement, nos futurs statuts. Je rappelle que les Verts et le Parti communiste sont morts à petit feu de leurs statuts, il serait bon que nous en tirions de justes et raisonnables décisions. Ouvrons donc la porte ensemble, collectivement, à partir du monde tel qu’il est, qu’il a changé, les victoires idéologiques et culturelles de la droite, à la créativité, nous en sommes tous capables, et je crois que le reste viendra par surcroît.



Pour lire les autres interventions

Et découvrir une interview de F.Hollande à l'issue du CN:

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