Une quinzaine de jours sont donc seulement donnés à la population et aux élus pour s'exprimer sur un dossier aussi important.
Voici le communiqué de presse que je viens d'adresser à la NR suite à l’intervention du Préfet de Loir-et-Cher dans l’article publié le 29/11*
Comme beaucoup d’habitants du Vendômois, j’ai découvert dans la presse le projet d’épandage, dans le nord du Loir-et-Cher, de boues issues d’une station d’épuration de la région parisienne.
Si la Préfecture, puis la Chambre d’Agriculture ou le Conseil Général ont été « contactés » comme le souligne l’article il y a quelques mois, je constate malgré tout que la procédure ressemble plus à une sorte de passage en catimini vu le peu de temps laissé aux habitants ou aux élus municipaux, départementaux ou régionaux pour prendre connaissance d’un dossier très technique et s’informer de manière objective.
Si cette « soudaine levée de boucliers parait bien maladroitement justifiée », il convient pourtant de convenir que les stations d'épuration recueillent des rejets contenant un grand nombre de polluants selon les activités raccordées au réseau d'assainissement.
Et les boues sont les déchets ultimes de l’assainissement de l’eau. Elles concentrent tous les composés polluants ; et on sait que celles des stations des grandes zones urbaines ont des concentrations de métaux lourds très élevées.
Et si « le principe de l’épandage est cadré par la Loi sur l’eau », il n’en demeure pas moins que c’est justement cette Loi de décembre 2006 qui a créé un fonds de garantie des risques non assurables liés à l’épandage des boues ; les pollutions sont donc possibles et mêmes envisagées, la Loi le dit elle-même ! Quant au fonds, s’il est destiné essentiellement à indemniser les agriculteurs pour une perte d’exploitation, il ne saurait « réparer » la pollution des sols et surtout de la nappe de Beauce, dont le maintien de la potabilité reste une exigence vitale pour des millions d’habitants.
« Nous ne faisons pas la promotion des boues provenant de l'usine de traitement d'Achères, mais il n'y a aucune raison de les refuser. »
Voilà résumée la position de Pierre Pouëssel, préfet et de Christophe Chassandre, directeur de l'équipement et de l'agriculture de Loir-et-Cher sur l'un des sujets les plus débattus actuellement dans le département. Un recadrage souhaité avant même la rencontre avec les parlementaires, et avec Jacqueline Gourault, présidente de l'association des maires, vendredi à la préfecture.
Selon le préfet, Il convient donc de passer sur cette soudaine levée de boucliers, bien maladroitement justifiée au regard de ce qui se pratique depuis des décennies sur les exploitations agricoles de Loir-et-Cher, « avec des boues de qualité globalement identiques à celles d'Achères. » Il n'y aurait donc aucun doute sur ce point, les analyses sont formelles. Par ailleurs, le principe de l'épandage est cadré par la loi sur l'eau, approuvé par les principaux partenaires de l'environnement et de l'agriculture, validé par les préfectures qui répondent là à « une doctrine gouvernementale, » fondée sur l'alternative la moins dommageable. L'enfouissement étant la moins satisfaisante des solutions et l'incinération la plus coûteuse.
Un choix de société somme toute, librement accepté, puisque rien n'oblige à l'épandage en France, « mais que c'est la solution la plus appropriée et la mieux maîtrisée. » Quant aux métaux lourds, Christophe Chassandre rappelle que les engrais chimiques en contiennent eux aussi, dans la limite des normes admises.
Aucune ambiguïté non plus sur la procédure. « Un premier contact avec le secrétaire général de la préfecture et le SIAAP avait lieu en décembre 2005, puis avec la chambre d'agriculture en janvier 2006 et avec le conseil général trois mois plus tard. » Qui oserait encore dire que personne n'était au courant ? Les populations concernées, indubitablement. Raison pour laquelle le pétitionnaire, le SIAAP (syndicat interdépartemental d'assainissement de la région parisienne) qui gère la station d'épuration d'Achères, est chaudement invité à venir s'expliquer publiquement, hélas bien tardivement.
H.L.