11 janvier 2010

Débat sur l'identité nationale

Un premier débat sur l'identité nationale a eu lieu à Vendôme avant les fêtes de fin d'année, ce débat n'était pas public étant organisé sur invitations du Préfet. Une séance publique départementale doit avoir lieu demain, mardi 12 janvier, à Blois.

Y aller ou ne pas y aller? La question est posée et admettons que les positions divergent, quelque soit les étiquettes politiques de celles et ceux qui se trouvent invités. Ces positions sont toutes légitimes et respectables. Oui, ce débat est organisé dans des conditions très discutables, à quelques mois d'une échéance électorale, rendant peu propice l'apaisement nécessaire à ce type de réflexion. Oui, les phrases empreintes de dérive que l'on retrouve extraites ici ou là de certains débats montrent que réfléchir à une question aussi fondamentale nécessite un climat serein, propice au dialogue. Oui, ce débat est organisé par un ministère chargé également de "l'immigration" rendant de fait confus l'esprit ou la volonté qui l'animent. Cette confusion est inacceptable, car c'est une erreur d'avoir laissé planer l'idée que tout était lié, identité nationale et immigration, immigration et religion, étranger et sécurité.

Le débat est organisé par les services de l'Etat dans notre département et son représentant, le Préfet. Le rôle d'un élu est-il de boycotter une réunion officielle à laquelle justement en sa qualité d'élu, détenteur du suffrage des électeurs, on lui demande de venir pour s'exprimer? Le boycott ne constitue pas une position en soi et la contribution au débat est nécessaire. Je considère même qu'il est utile pour tout responsable politique de participer, au moins d'exprimer des valeurs, des opinions et ainsi d'éviter que ce débat actuel, avec toutes les réserves que j'ai le concernant, se retrouve préempté par les mouvances d'extrême-droite qui le transforment en véritable tribune.

Le débat porte sur l'identité nationale, j'aime surtout parler de République et de ses valeurs. Je considère que tout est lié. Petite-fille de républicains immigrés en France à la fin de la guerre civile espagnole, je mesure, peut-être autrement que d'autres, combien notre pays est fait d'addition de cultures, de diversité et d'enrichissement construits au fil des siècles par celles et ceux qui sont venus d'ailleurs.
Nous pouvons avoir des origines diverses,-combien de fois lorsqu'on prononce mon nom me demande t'on de quelle origine est ma famille?-, et pour autant, une nation est un tout auquel chacune et chacun peut se retrouver: une histoire, des valeurs, un hymne, un drapeau, un territoire, des paysages et l'envie de partager un avenir commun. Je pense donc que ce qui définit en tout premier lieu notre identité, c'est bien plus ce qui nous rassemble que ce qui nous distingue.

Les valeurs de notre république fondent indiscutablement notre identité française : les trois mots « Liberté, égalité, fraternité » trônent sur tous les frontons de nos mairies et la laïcité en est le ciment. Un ciment qui permet la réelle unité du peuple car il garantit à chacun la liberté de conscience, l'égalité de traitement de tous les citoyens et l'aspect universel de l'action de l'Etat. A ce titre, notre république se doit de garantir la tolérance mais rester aussi rigoureuse envers toute forme de privation de l'être humain. C'est pour cela que dans le cadre du débat actuel sur le port de la burqa je suis comme d'autres responsables socialistes favorable à une loi, plus précisément pour un texte législatif qui protège l'individualité, la personnalité et condamne toute forme de négation de l'être humain (cf: voir sur ce blog mon article Mosquée et Laicité publié le 11 décembre dernier).

Considérer que la France est aussi le pays qui exclue toute forme de privation, c'est bien considérer que l'identité française repose sur une nation qui garantit à chacun de vivre dans la dignité et l'égalité et qui combat toute forme d'exclusion. L'Etat, garant du pacte social, de sa cohésion, a un devoir de protection envers toutes celles et tous ceux qui se retrouvent fragilisés par la vie et doit être porteur d’un projet collectif solidaire et de justice sociale.

La laïcité est le socle de notre république, et à l'évidence l'école, l'éducation, sont les lieux qui permettent la transmission de nos valeurs car le droit et l'égalité réelle d'accès y sont garantis pour toutes nos jeunes générations. On ne peut parler d'identité nationale sans évoquer le lieu où ses bases se construisent et se transmettent. C'est le lieu d'ailleurs où l'éducation civique y est enseignée, sous des formes différentes en fonction des classes d'âge. Faut-il revoir les fondements de cette instruction civique, la renforcer, y donner d'autres contenus? En dehors de l'école, faut-il instaurer un service civique obligatoire? Le débat actuel peut aboutir à des propositions allant dans ce sens.

Le débat sur l'identité nationale est passionnant mais complexe dans sa forme actuelle sans cadre précis, ni méthodologie. Je ne reviendrai pas sur toutes les critiques et réserves nombreuses de mon propos introductif. Mais il a un mérite, s'il en est un, c'est celui de tenter de répondre à la question difficile de ce qu'est être français.

Une identité nationale peut-elle réellement se définir? Je ne pense pas. Le débat permet tout du moins de partager des points de vue et de considérer surtout que l'identité nationale ne se décrete pas, elle est d'avantage un héritage, l'aboutissement d'une histoire, d'un environnement et de valeurs.
Au fond, lorsqu'on évoque la liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité, ne posons nous pas les fondements d'une société du vivre-ensemble et d'un modèle social hérité et dont nous avons obligation de préserver?
Je considère pour ma part que notre identité nationale, c'est bien un tout auquel chacune et chacun peut se retrouver, c'est un ensemble de droits et de devoirs, c'est notre modèle social qui permet à chacun de pouvoir vivre dans une société plus juste et plus solidaire et c'est enfin l'envie de partager un avenir commun.

Retenue par une cérémonie de voeux, je transmettrai ce texte à M.Philippe Galli, Préfet du Loir-et-Cher en lieu et place de ma participation au débat.

2 commentaires:

kerim a dit…

Bonjour Béatrice,
Merci de me faire profiter de ton blog,qui est bien alimenté et intéressant.En ce qui concerne l'identité nationle,j'aimerais juste dire quelques mots,j'ai participé au débat qui a eu lieu a Vendôme avant les fêtes,étant invité.je pense que lorsque l'on vie dans une nation et que l'on réspècte ses lois et ses habitants et que l'on paye ses impôts,on ne peut pas dire que nous ne sommes pas Français,que l'on est une autre religion ou pas,que nous soyons étrangé ou pas.je pense qu'avec se débat,on va chercher des problèmes là ou il n'y en a pas et en ce moment les nations ont le chique pour ça,comme la suisse avec son réferendum sur les minarets,n'y a t'il pas assé de problèmes plus important que les minarets,que l'identité national et d'ailleur qui est plus français qu'un autre français en france?
Merci est à bientôt. kerim.

BA a dit…

Merci Kerim pour ce commentaire comme ta contribution. Je considère que c'est TB qu'en ta qualité de representant de l'association turque de Vendome tu te sois rendu à ce débat. Et ton texte résume bien les choses quand on cherche à se pencher sur la définition bien complexe de l'identité nationale. Quand tu écris "lorsque l'on vie dans une nation et que l'on réspècte ses lois et ses habitants et que l'on paye ses impôts,on ne peut pas dire que nous ne sommes pas Français,que l'on est une autre religion ou pas,que nous soyons étrangé ou pas.", tu en dis déjà beaucoup.

Participer au débat comme tu l'as fait, ou y contribuer sur le fond, c'est mieux que de laisser parler seuls ceux tentés par les propos sectaires des partis extremistes.
Quant à l'opportunité du débat dans le contexte actuel, tu connais ma position et mes réserves à ce sujet mais il a lieu, alors mieux vaut en être, y apporter sa pierre et tenter, si possible, de l'élever un peu.

A bientot j'espere aussi,on pourrait prolonger cet échange de vive voix,
amitiés
béatrice