15 avril 2009

A propos de l'absentéisme des députés

Le résultat "surprise" du vote sur la loi HADOPI à l'Assemblée nationale a ouvert un débat utile: celui de l'exercice du mandat de parlementaire et la réponse à donner à l'absentéisme, qui est assurément ni de droite ni de gauche.

Je ne m'étendrai pas ici sur le vote en lui-même qui est tout sauf une victoire de la gauche et nos députés devraient être plus modestes en commentant le résultat du vote... Car un vote qui rassemble d'un côté 21 voix contre 15, soit au total 36 votants sur 577 inscrits, n'est pas très glorieux quand dans chaque famille politique, on fait de ce sujet un enjeu clivant.

Depuis ce résultat surprise (et oui, on n'avait pas imaginé que des élus pouvaient ruser et se cacher derrière des piliers de l'assemblée nationale!), le débat est utilement rouvert pour étudier les modalités de rendre "plus" obligatoire la présence à l'Assemblée nationale.
Il existe pour cela un règlement intérieur qu'il faut rendre applicable en définissant les modalités pratiques. Ces dispositions existent dans d'autres assemblées, par exemple au conseil régional du centre.

Je rappellerai simplement ici les extraits du règlement de notre assemblée régionale:

L’article L 4135-16 alinéa 2 du code général des collectivités territoriales stipule que « Le conseil régional peut, dans les conditions fixées par son règlement intérieur, réduire le montant des indemnités qu’il alloue à ses membres en fonction de leur participation aux séances plénières, aux réunions des commissions dont ils sont membres et aux réunions des organismes dans lesquels ils représentent la Région, sans que cette réduction puisse dépasser, pour chacun d’entre eux, la moitié de l’indemnité maximale pouvant lui être allouée .. ».
Le règlement intérieur modifié en juin 2004 prévoit ainsi que les absences non justifiées aux réunions du Conseil régional, de la commission permanente, des commissions dont ils sont membres ainsi qu’à celles des organismes associés ou dont le secrétariat est directement assuré par la Région, au sein desquels ils ont été désignés pour représenter la Région en tant que membre titulaire, donnent lieu à un abattement sur le montant des indemnités mensuelles servies aux intéressés , sans que cet abattement puisse excéder 50% de ce montant.
La modulation du versement des indemnités est fondée sur le dispositif suivant :
- 50 à 70 % d’absences non justifiées constatées sur le trimestre donnent lieu à un abattement de 30% sur le montant de l’indemnité mensuelle servie
- au-delà de 70 % d’absences non justifiées constatées sur le trimestre, le montant de l’indemnité mensuelle servie est affecté d’un abattement de 50%

Les absences non justifiées sont calculées à trimestre échu. Les abattements sur indemnités mensuelles fondés sur ces absences sont appliqués a posteriori et répartis sur les indemnités versées au cours du trimestre suivant.

Ne sont pas comptabilisées les absences justifiées par les motifs suivants :
- Représentation officielle du Président à une autre manifestation,
- Maladie ou impérieuse nécessité personnelle justifiées,
- Réunion, le même jour, pour deux instances prises en compte dans les modulations de
l’indemnité.


Vous trouverez ci-dessous la liste des instances à prendre en compte pour la modulation du régime indemnitaire des élus :
SEANCES ET REUNIONS DE L’INSTITUTION REGIONALE :
Séances plénières du conseil régional
Réunions de la commission permanente régionale


LES COMMISSIONS :
Commissions du conseil régional
Commissions d’appel d’offres
Jurys de concours et commissions constituées comme un jury
Comité technique paritaire
Commissions administratives paritaires


REPRESENTATION INSTITUTIONNELLE DE LA REGION A L’EXTERIEUR :
Culture O’Centre
CENTRECO (conseil d’administration et assemblée générale)
Comité Régional du Tourisme (CRT)
GIP RECIA (conseil d’administration)
Syndicat Mixte interrégional de la Mission Loire

Le règlement de l'assemblée régionale prévoit donc des retenues sur les indemnités, retenues qui sont appliquées.

Le règlement intérieur de l'Assemblée nationale prévoit à l'article 162 des retenues sur indemnités lorsque l'absentéisme est avéré. Reste à l'appliquer...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Les quatre représentants Verts à l’Assemblée sont parmi les mieux classés.

Sur 577, ils sont tous dans les 60 députés les plus actifs (Yves Cochet 517, François de Rugy 527, Noël Mamère 546 et Martine Billard 568).

Ce débat sur l’absentéisme est toujours délicat.
Il est assez facile de tomber dans l’antiparlementarisme.
Un mandat n’est pas un travail et il est toujours très délicat de vouloir quantifier une activité d’élu.


Mais à force de refuser ce débat, on légitime des comportements scandaleux d’élus qui utilisent leur mandat comme une simple position de pouvoir et une source sûre de rémunération.
S'il ne faut pas aboutir à un classement absurde des députés en quantifiant à tout prix leurs activités, une absence quasi totale de travail parlementaire est un signe manifeste d'inefficacité.

142 députés comptent moins de dix interventions (en séance ou en commission) !

Parmi ces 142 on trouve Xavier Bertrand, Estrosi, Eric Raoult, Cambadélis, Daniel Vaillant, Jack Lang, Vallini, Queyranne, Bartolone…

et Maurice Leroy : 4 interventions en séance pour 103 à noel mamere ( 48 à perruchot et 65 à Lalande)
(http://www.lesinfos.com/docs/activitesdeputes.pdf)

Deux réformes sont à porter.
- La première serait une loi sur le cumul des mandats.
90% des députés et 73% des sénateurs cumulent (pourtant c’est normalement le sénat qui est la chambre des collectivités locales).
89% des députés de gauche cumulent ;
En Allemagne le taux de cumul est de 10%, 13% en Grande Bretagne, 15% en Espagne et 16% Italie, mais il est vrai que ces pays ne sont pas des démocraties aussi avancées que la France.
Sous la IV° République les cumulards n’étaient que 40%, et seulement 30% sous la III°.
- L’autre est une modification du règlement de l’Assemblée.
Les députés seraient rémunérés en fonction de leur assiduité.
Des crédits temps seraient attribués à la présence en commission et à l’assemblée (et pas seulement du nombre de présence), à la conduite de rapport ou à la présence dans des missions. En dessous d’un seuil, et en l’absence de justification, l’indemnité serait proportionnée à l’activité, les retenus pouvant aller jusqu’au deux tiers de l’indemnité.

laurent l