22 octobre 2007

Lecture de la lettre de Guy Môquet au Lycée Ronsard

J'assistais ce matin à la lecture de la lettre de Guy Mocquet au Lycée Ronsard de Vendôme, établissement où je représente le conseil régional au conseil d'administration. Sur fond de polémique, j'avoue y être allée dans un seul but: cette cérémonie, organisée et placée sous le témoignage de sa cousine, Michelle Bouhours, allait revetir un caractère particulier, celui de l'authenticité et de l'absence de toute forme de récupération qui justifie aisément la polémique actuelle.
Michelle Bouhours est conseillère municipale communiste de Vendôme. Elle a appris, comme chacun d'entre nous, devant son téléviseur, le souhait du Président, fraîchement élu, de faire de la lecture de cette lettre, un acte fort dans chaque lycée de France. Que ne fut pas sa surprise de voir le nom et la lettre de son cousin embarqués dans l'un des actes marquants de l'investiture de N.Sarkozy, sans même d'ailleurs avoir été avertie auparavant.
Depuis, Michelle, qui est aussi ma voisine, se retrouve sollicitée par les médias, à la fois honorée de pouvoir apporter son témoignage et sa vérité mais aussi énervée parfois de constater les erreurs d'interprétations ou bien les critiques sur son cousin. Et oui: pourquoi lui?
Alors, lorsqu'au dernier conseil d'administration du Lycée, le Proviseur a présenté son souhait d'associer Michelle à cette cérémonie, j'ai soutenu l'initiative, les professeurs eux ne le souhaitaient pas. Si j'ai soutenu cette initiative, c'est justement parce que là, la vérité allait être faite, le témoignage allait être entier, aucune récupération ou interprétation ne serait possible.

Ce matin, à 8h, j'ai franchi les grilles du Lycée. La salle s'est remplie petit à petit, au final les lycéens étaient 122 à pouvoir prendre place.
Le proviseur a rappelé le contexte historique largement, puis il y eu la lecture d'un poème, puis Le Chant des partisans. L'ambiance était saisissante. Ensuite, Michelle a lu les première lignes de la lettre, envahie par l'émotion, 3 lycéens l'ont rejoint pour finir.
Et puis, ce fut le temps des questions-réponses: toutes les questions pertinentes, des lycéens littéralement scotchés sur leurs chaises buvant les paroles de Michelle qui parlait de son cousin qu'elle avait vu partir si jeune. Le moment le plus fort fut quand elle a raconté comment elle avait appris la mort de son cousin.
Nous avons fini la cérémonie dans un silence pesant, envahis d'émotion, certains d'avoir partagé un moment de recueillement rare où le sort de Guy Mocquet et de ces milliers d'autres combattants de l'ombre, résistants, nous revenait en pleine figure.

Pour ma part, j'en suis sortie bouleversée. Parce que cette histoire s'est déroulée il y a soixante ans. Parce que c'était hier, et la barbarie faisait rage.
Et des gamins se faisaient fusiller parce qu'ils avaient un idéal.

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