09 janvier 2014

Le raccrochage scolaire à l'honneur


Le ministre de l'Education nationale a annoncé hier un vaste plan d'accompagnement pour lutter contre le décrochage scolaire sur les bases de résultats sur l'année 2013 plutôt encourageants.
Enfin une annonce qui va dans le bon sens après les remous (le mot est faible) provoqués par la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, la réforme du statut des enseignants en classe préparatoires ou bien le projet du statut des professeurs.
Oui, notre système scolaire génère encore bien trop d'échecs, de ruptures, de décrochages chez nos plus jeunes et c'est pour notre pays, une alerte considérable qui doit amener des réponses fortes.
En 2013, 20.000 jeunes sur les 140.000 qui quittent chaque année le système scolaire ont pu repartir en formation ou effectuer un service civique (cf Les Échos). 20 000 sur 140000 c'est bien, mais on doit faire mieux car un jeune non formé, sans projet de formation, est un jeune à la dérive, sans repère ni avenir.
L'objectif du ministre est curatif, remettre des jeunes dans le giron d'une formation ou d'une activité telle que le service civique qui est une bonne initiative. La lutte contre le décrochage mise hier à l'honneur et les premiers résultats annoncés ne constituent pas une nouveauté. En région Centre, nous avons été pilotes en matière de lutte contre le décrochage scolaire grâce au dispositif Assure ta rentrée dont je me suis fait l'écho chaque année sur ce blog lorsque j'étais Vice-Présidente de la Région en charge de l'Education et des Lycées. Ce dispositif régional et partenarial mis en place en 2006 est une vraie réussite et ne peut fonctionner que par la mobilisation de tous les acteurs qui travaillent autour des jeunes en formation. Assure ta rentrée avait d'ailleurs été reconnu comme innovant et retenu dans le cadre d'un appel à projet lancé en 2009 par Martin Hirsch, alors Haut Commissaire à la Jeunesse, dans l'objectif de se transformer en "Assure ton année".
Au dela de ces annonces se pose encore et toujours la question des moyens et des objectifs que l'on se fixe. Les objectifs chiffrés ne peuvent être une fin en soi. S'il s'agit de remettre un jeune en formation dans un établissement parce qu'il reste des places dans telle ou telle filière professionnelle, on risque de courir à l'échec renouvelé. Une formation ne peut se choisir par défaut pour une seule question de place.
Autre exigence, celle des personnels qui ont cette mission difficile relative à l'accompagnement des jeunes en situation de décrochage scolaire. Les organisations syndicales soulèvent régulièrement le problème de la précarité des personnes chargées de suivre les jeunes. Des personnes elles-mêmes en situation précaire, embauchées sous contrat, renouvelé ou pas, générent une situation d'instabilité autour de ces jeunes qui ont pourtant besoin d'un environnement stable.
Enfin, la lutte contre le décrochage scolaire ne peut se résoudre uniquement par des solutions en terme de formation. Il faut se questionner aussi sur les motifs du décrochage qui sont multiples (difficultés d'apprentissage, environnement familial, conditions de vie...) et apporter les réponses adaptées.

Le curatif oui, mais la priorité doit aussi et rester celle du préventif: permettre à chaque jeune de s'accomplir par l'école et l'estime de soi.
Notre école génère encore bien trop d'échecs, dès le plus jeunes âge, au moment de l'acquisition des savoirs fondamentaux. C'est à la base, dès le plus jeune âge qu'il faut mettre aussi l'accent. Il n'est définitivement pas normal et pas acceptable qu'en 2014 des jeunes sortent du système scolaire sans savoir lire et écrire. La refonte de l'école doit viser cet objectif primordial qui est l'acquisition des savoirs fondamentaux sans s'égarer dans des réformes qui alourdissent le système sans répondre aux vrais enjeux.
En savoir + sur Assure ta rentrée en région Centre


2 commentaires:

Philippe G. a dit…

Vous avez raison de rappeler que la lutte contre le décrochage scolaire ne peut être qu' un effet d'annonce ou la simple récupération d'initiatives existantes. Dans notre région lutter contre le décrochage scolaire est une priorité depuis bien longtemps.

Anonyme a dit…

Il n'en demeure pas moins que Peillon a raison d'en faire une priorité et de mettre les moyens dans l'Education nationale pour créer des postes de profs