25 octobre 2006

Non, la démocratie ne fait pas peur

Hier soir, 2e salve du débat de nos présidentiables. Un débat toujours attendu, une ambiance plus tendue, voilà ce que j'en retiens. J'y ai vu aussi des protagonistes hausser le ton à l'égard de Ségolène Royal, cibler leurs critiques de manière récurrente, posant l'enjeu du vote des militants socialistes sur le seul ton "êtes-vous POUR ou CONTRE Ségolène Royal?".

Des regards croisés mais des attaques ciblées de la première à la dernière minute sur celle qui oriente définitivement cette campagne en lui donnant un sens, une vision et des valeurs. L'une est dans la rénovation des idées et des pratiques, les autres eux courent après ou se retranchent dans un semi-conservatisme où il ne faudrait finalement rien changer.

Dernier sujet en boucle, c'est la réforme institutionnelle et la nécessité de redonner du sens à notre démocratie et à l'action des élus. En déclarant « J’ai proposé de créer des jurys de citoyens qui évalueraient les politiques publiques, par rapport à la satisfaction des besoins ou par rapport au juste diagnostic des difficultés qui se posent, non pas dans un sens de sanction mais pour améliorer les choses. Ces jurys de citoyens pourraient être constitués par tirage au sort », Ségolène Royal a décidé d'apporter une piste concrète en réponse au constat de désordre démocratique dans lequel est plongé notre pays de scrutin en scrutin.

Car, non, aujourd'hui, en tant que démocrates acharnés et républicains passionnés, on ne peut se satisfaire de ces suffrages qui s'illustrent par des millions d'abstentionnistes. Et, en tant que citoyens, militants et élus, on ne peut se satisfaire de la défiance totale qui s'égrène à l'égard de ceux qui agissent pour le bien public dans le cadre de leurs mandats.

Face à l'évidence de redonner du sens à l'action politique par la réforme institutionnelle profonde inscrite dans le projet PS (renforcement du pouvoir parlementaire, mandat unique pour les parlementaires, un véritable statut de l'élu), il faut aussi regarder du côté des citoyens pour qu'ils aient dans ce dispositif rénové toute leur place: notre projet que certains semblent ignorer stipule pourtant que « les Français veulent pouvoir être consultés dans l’élaboration des politiques publiques ».
De ce diagnostic, force est de constater que l'étape de proposition reste à construire. Et seule Ségolène Royal livre ses idées, ses propositions, à partir d'expériences vécues et partagées ici en France dans certaines villes, comme Paris, Dijon ou Strasbourg ou dans certains pays européens parce qu'elle fait de la réforme institutionnelle sa priorité. Et elle le fait réellement savoir.

Face à cet immobilisme ambiant et surprotecteur de l'ordre établi, nous avons un autre choix, celui de réformes profondes qui s'adapteraient à ce qu'est devenue notre société.
Nos concitoyens sont en désir de participer à la décision collective, ils sont demandeurs d'informations, souhaitent peser sur la décision et que leurs élus leur rendent compte de leurs mandats.

La proposition de mettre en place des jurys de citoyens constituerait un outil d’évaluation, une aide au pilotage, à l’enrichissement de l’action publique, ...et ne serait en rien un instrument punitif.

Pour aller plus loin:
- premières réactions des français suite à cette proposition
- Ségolène Royal invitée de La cité de la réussite
- lire la réaction d'ANTICOR (élus contre la corruption) et de sa présidente, Séverine Tessier (Vers un nouvel état démocratique)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si le concept de jurys populaires tirés au sort à besoin d'être affiné, je ne vois vraiment pas pourquoi il provoque une telle levée de boucliers, ou peut-être que je ne le vois que trop bien...

Trop longtemps, dans ce pays, la démocratie représentative a été considérée comme un chèque en blanc fait à nos élus.
Ainsi, on a laissé Jospin et Chirac libéraliser le secteur de l'électricité ou de la poste sans mandat. Ces décisions avaient-elles été soumises aux électeurs en 1997 ?
J'aurais réfléchi à deux fois avant de mettre mon bulletin PS dans l'urne si la libéralisation du secteur de l'énergie avait été dans le programme socialiste.
Et je ne parle pas de Villepin et du CPE... Vous l'avez vu où le CPE dans le programme de Chirac en 2002 ?

Une partie de notre classe politique se comporte comme une caste de dictateurs éclairés prêts à faire notre bonheur sans noitre assentiment, cela doit cesser !
Un homme politique est élu sur un mandat (son programme), quand il sort de son mandat, il trahit les électeurs et la démocratie.

Si les jurys populaires pouvaient servir à vérifier l'adéquation entre les décisions politiques prises et le mandat reçu du peuple, alors ils seraient un outil salutaire de restoration de la démocratie !

Pour poursuivre le débat de manière constructive sur ce sujet, une bonne adresse :
http://www.bigbangblog.net/article.php3?id_article=457

Anonyme a dit…

A quand un jury populaire pour juger l'action de François Hollande ?

Pendant que son épouse tente de restaurer la confiance entre les électeurs et le monde politique, notre bien-aimé Premier Secrétaire trahit le vote des militants sur le projet socialiste.

En effet, le 19 octobre dernier, François Hollande, au nom du PS, et Jean-Michel Baylet, au nom du PRG, ont signé une plate-forme de gouvernement. Jusqu'à là, rien que de très honorable.
Mais que trouve-t-on au sujet de la construction européenne au sein de cette plateforme : "Le futur gouvernement devra proposer à ses partenaires européens : la substitution au projet de Constitution d'un simple projet de Traité reprenant les parties I (adaptation des institutions) et II (Charte des droits fondamentaux) du projet de Constitution", comme si le vote des partisants du non n'avaient pas eu lieu et comme s'ils n'avaient rejeté que la partie III !

Comme nombre de militants socialistes, si je me suis opposé au TCE, ce n'était pas seulement parce qu'il comportait nombre de reculs sur les questions économiques, mais aussi par rejet d'une Europe non-démocratique. Une Europe où le parlement n'a pas l'initiative des lois, où il est même exclu des délibérations dans certains domaines réservés. Une Europe où la Commission peut prendre des "décisions" (art I-33 et I-35) sans contrôle ni mandat démocratique. Une Europe qui ne respecte pas la séparation des pouvoirs (le Conseil est formé des membres des exécutifs des pays membres, mais prend part à l'élaboration de la loi), en particulier entre le judiciaire (la Cour de Justice) et les exécutifs... Et la liste est longue (voir : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Constitution_revelateur_du_cancer_de_la_democratie.htm#intro)

Ce mépris du vote populaire est déjà suffisamment grave en soit, mais il se fait aussi dans le dos des militans socialistes.

En effet, le projet socialiste précise : "Nous refuserons une ratification du Traité Constitutionnel Européen tel qu’il a été rejeté le 29 mai, même s’il est accompagné d’un nouveau préambule. Nous proposerons l’élaboration d’un Traité strictement institutionnel qui organisera efficacement les pouvoirs, avec un Parlement Européen exerçant ses pleines responsabilités législatives et budgétaires, un Président de la Commission élu par le Parlement, un Conseil Européen, avec à sa tête un Président de l’Europe. Une fois renégocié un tel traité sera soumis au peuple par référendum."
Il y a des différences de taille avec la nouvelle plateforme : on abandonne l'idée d'une nouvelle élaboration du traité strictement institutionnel, on nous ressort celui qui a été rejeté par les urnes ; on abandonne donc l'idée dun "Parlement Européen exerçant ses pleines responsabilités législatives et budgétaires" ; etc.

Comme toujours, l'Europe se fera dans le dos des peuples et des militants des partis politiques.

Cette trahison de la part de notre Premier Secrétaire mériterait pour le moins quelques réactions ! Heureusement pour lui, les primaires servent de diversion...