22 novembre 2007

"Dialogue" au Ministère de l'Education Nationale

Je n'y étais jamais allée, depuis aujourd'hui c'est fait: j'ai franchi les portes du Ministère de l'Education Nationale. Objectif: assister au Conseil Territorial de l'éducation nationale (CTEN), instance de "dialogue" entre les collectivités territoriales (communes, conseils généraux et conseils régionaux) et le Ministère. Quand on sait combien la responsabilité des collectivités locales en matière d'éducation est importante (elles sont responsables entre autres des bâtiments et des équipements), chacun comprendra que le rôle de cette instance est essentiel pour bâtir collectivement une école de qualité au service des élèves.

Pourtant, ma première impression en arrivant dans cette salle fut de constater combien la représentation des collectivités semblait bien faible en nombre de postes au regard du reste de la salle: en dehors des organisations syndicales et associations de parents d'élèves et lycéennes, nous faisions face à une lignée de hauts fonctionnaires remplissant à eux-seuls plus de la moitié de la salle. De notre côté, je constatais que j'étais entourée de 2 représentants au nom des communes, 2 pour les conseils généraux, et un autre collègue pour une région. Une sous-représentation liée probablement aux grèves dans les transports, rendant l'accès difficile à Paris.

Ensuite est arrivé Xavier Darcos, Ministre de l'Education Nationale. En fait, je ne l'avais pas entendu arriver, mais la vue des hauts fonctionnaires tous debouts m'a fait comprendre bien vite que la réunion allait démarrer. Le Ministre, après le tour de table traditionnel, a ouvert la réunion, qu'il était censé présider. D'emblée nous avons compris que sa présence serait furtive, la raison invoquée étant de se rendre au chevet de l'enseignante agressée récemment dans un collège. Ayant dans mes documents le compte-rendu du précédant CTEN, je lisais que le Ministre avait également ouvert la réunion, puis après son discours introductif s'était éclipsé.
Cela doit être une coutume au CTEN, le dialogue, on le laisse aux collaborateurs.

Est venu le premier point à l'ordre du jour: l'usage des technologies de l'information et de la communication, avec à l'appui un guide, estampé du commentaire "document de travail", destiné aux communes et aux conseils généraux afin de leur permettre d'acheter au mieux le matériel informatique dans les établissements scolaires. Le Ministère affiche une grande ambition: promouvoir l'usage de l'informatique, le valider dans les parcours de formation pour le rendre obligatoire (comme par exemple pour l'obtention du brevet des collèges) et afficher sa volonté de rattraper les inégalités sur les territoires et entre les collectivités locales.
Pour cela, il propose... un guide d'achat. Des moyens, non, laissant aux collectivités locales le soin d'augmenter les impôts locaux si besoin (dixit un des hauts fonctionnaires).

Le ministre, lui, avait annoncé de belles intentions dans son discours: réduire les disparités, l'égalité des chances pour tous. Les moyens, eux, n'y sont pas. A part l'annonce de la distribution d'une clé USB aux professeurs des écoles comme acte fondateur marquant l'engagement du ministère, j'avoue être restée bien perplexe devant ce vide sidéral. J'espère au moins que les enseignants possèdent un ordinateur chez eux, à défaut, la clé USB sera vouée à l'échec.

Nous avons tous évoqués la difficulté de gérer la maintenance des parcs informatiques. Le Ministère souhaitant généraliser l'usage des TIC, ceci implique un parc informatique plus dense, qui connaît des pannes régulières.
Devant le déferlement de questions, la réponse fut qu'un groupe de travail devait se mettre en place pour évoquer cela, une manière de botter en touche.
L'animateur se voulait rassurant, dans sa conclusion il rappelait la nécessité du dialogue avec les collectivités et qu'ensemble une solution devait être trouvée. Oui, mais... En lisant les guides d'achat, la partie concernant la maintenance évoquait d'une manière tranchée que cela devait se faire dans le cadre des garanties liées aux achats de matériel, donc à la charge des collectivités.

Beau moment de "dialogue", lorsqu'il est déjà tranché.

Il était 16h, je devais repartir à Vendôme au moment où le deuxième point à l'ordre du jour débutait.

Je suis repartie avec une impression étrange: avons-nous servi à quelque chose? avons nous réussi à porter l'inquiétude des collectivités locales face à ce grand Ministère? je ne sais pas. Le compte-rendu reprendra quant à lui les mêmes interventions que le précédent, qui s'était réuni en mars 2007.

La seule surprise sera peut-être de savoir si, la fois prochaine, le Ministre présidera réellement cette instance d'écoute et de dialogue avec les collectivités locales.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

En effet, comme je te l'ai déjà dit (écrit), les enjeux NTIC pour l'éducation sont vitaux. L'harmonisation et la remise à plat aussi car elle seule peut permettre de développer les usages. A ta dispo pour en débattre, j'ai plusiuers idées sur le sujet ...