En tant qu'élue, c'est d'abord au champ politique auquel je pense. Nous aurons demain, hasard de calendrier des élections municipales et cantonales. Mais cette élection est, sur le plan politique, une première: les listes municipales, paritaires par obligation depuis la loi sur la mise en place de la parité mise en place sous le gouvernement Jospin, n'en restera pas là. Là où hier encore, les listes étaient par obligation paritaires mais au lendemain de l'élection, lorsque le temps était venu de composer une équipe d'adjoints, le déséquilibre revenait comme un réflexe, demain partout les maires élus devront faire une équipe à stricte égalité.
La loi sur la parité fut une loi portée par la gauche sous le gouvernement Jospin. Fallait-il une loi? Je fus de celles que cela a questionné. Comment une société ne peut-elle pas évoluer naturellement sans qu'on en passe par une loi? Mais à l'évidence, il le fallait, nous n'en serions pas là aujourd'hui.
La parité, c'est l'affirmation de l'égalité réelle, c'est la garantie du renouvellement de la représentation politique et l'avènement d'une nécessaire respiration démocratique.
Mais la loi ne résout pas tout: nous avons tous à l'esprit les réflexions déplacées du « qui va garder les enfants » ou de comparer « une élection à un défilé de mode » lors de la dernière élection présidentielle alors que pour la première fois dans l'histoire de notre pays une femme, Ségolène Royal, était candidate et en position de devenir Présidente de la République.
Et dans un parcours de responsable politique, qui d'entre nous n'a pas à raconter d'anecdotes ou de réflexions sexistes! Pour ma part, c'était en mai 2002 où candidate pour la première fois aux élections législatives ici, je parcourais toutes les communes de notre circonscription. Je me souviendrais toujours de cette journée où je fus accueillie dans une petite mairie de Beauce, par deux élus qui m'accablèrent de toutes les tares car moi femme, j'osais me présenter sur une circonscription rurale et agricole! Procès en incompétence évidemment, les femmes y sont toujours abonnées. Je peux dire que ce jour là, je ne fus pas accablée moralement : je fus convaincue que mon engagement ne cesserait pas, bien au contraire, ne serait-ce que pour faire évoluer les mentalités, bouger la société et faire vivre bien d'autres valeurs.
Dans ce long chemin vers l'égalité, je retiens aussi que le droit de vote accordé aux femmes ne remonte qu'à l'après guerre: il n'y a donc que 60 ans...
Et malgré toutes les avancées, droit à l'IVG, lois sur l'égalité professionnelle, congé de paternité..., que de contradictions tenaces et d’écarts encore persistants, que d’inégalités nouvelles qui se greffent sur les anciennes. Notre société doit plus que jamais défendre l'égalité pour tous :
- lorsque nous parlons de lutte contre le chômage, véritable fléau dans notre pays, nous savons bien que les premières victimes du chômage sont les femmes ;
- lorsque nous parlons de solidarité, d’action sociale, de services à la personne, d’une politique pour la petite enfance et l’enfance, nous savons bien que nous agissons pour les plus faibles, pour garantir à chacun des protections et qu’en matière de précarité, nous savons que 80 % des travailleurs précaires sont des femmes, que de très nombreuses femmes élèvent seules courageusement et difficilement leurs enfants ;
- lorsque nous voulons encourager les bonnes pratiques sociales et environnementales en contrepartie des aides octroyées aux entreprises comme nous le faisons en Région Centre, nous parlons notamment du droit d’accès à la formation professionnelle, et nous savons là aussi que ce sont les femmes qui sont le plus écartées de la formation professionnelle .
Lorenzo Bétancourt à Ingrid, Uribe, Chavez, Sarkozy
envoyé par 22marsproduction
1 commentaire:
Je suis souvent d'accord avec toi, mais je ne peux pas te laisser dire que "la parité c'est la garantie du renouvellement de la représentation politique".
Nous voyons encore autour de nous des élus 'mâles' qui viellissent et s'accrochent, et des représentantes féminines qui servent trop souvent de faire-valoir et de caution légale. N'est-ce pas terrible de n'être choisie (comme suppléante cantonale, par exemple) que pour son sexe ?
Je rêve d'un jour où ma fille vivra dans une nation où elle ne sera pas jugée pour son sexe, pour les idées qu'elle défend.
Ce qui m'ennuie aussi, c'est la "sexisation" de certaines fonctions (aux femmes, l'éducation et la culture, aux hommes les finances et les travaux)
En dehors de ces deux dérives générales auxquelles nous trouverons toujours des exceptions, je te rejoins sur les avancées importantes que cette loi à permis.
Dommage qu'il ait fallu une loi pour imposer ce qui semblait évident...
Enregistrer un commentaire