08 mars 2006

Pour en finir avec la journée de la Femme

Chaque 8 mars, mêmes constats, mêmes exaspérations, mêmes slogans, la femme n'est pas l'égale de l'homme ; la preuve, une journée, est consacrée à exposer le tableau de cette inégalité qui ne se résorbe pas, pire, elle s'accroît et elle se diversifie.
Ainsi, violences, précarité, discriminations dominent encore une année marquée par la commémoration des 50 ans du planning familial en France et de timides progrès dans la représentation politique des femmes à l’échelle de la planète…

Des chiffres toujours aussi inquiétants :
En France :
D'après le rapport d'Amnesty International paru le 8 février dernier, une femme meurt tous les 4 jours en France des suites des actes de violence de la part de son conjoint.
Parmi les 300 000 dirigeants salariés d’entreprise, seules 17,1 % d’entre eux sont des dirigeantes. Pour la fonction de PDG (dirigeant d’une société anonyme), la proportion de dirigeantes tombe à une sur dix.
En 2004, 30,1 % des femmes actives occupaient un emploi à temps partiel contre 5,3 % des hommes, et les femmes représentaient près de 79,1 % des travailleurs à temps partiels. Les femmes salariées à temps partiel sont quatre fois plus nombreuses que les hommes à déclarer rechercher un temps complet ou souhaiter travailler davantage.

Dans le monde : tellement de choses à changer !
En 2006, sur 231 pays et territoires dans le monde seuls 4.76% sont dirigés par des femmes ! En Europe, les parlements des Etats membres comptent 45,3% de femmes en Suède, 21,3% au Portugal, 12,2% en France (19e rang européen), 9,1% en Hongrie.
Au niveau mondial, on considère qu’environ 130 millions de femmes ont subi une excision (principalement en Afrique). Environ 2 millions de fillettes sont susceptibles de subir une telle mutilation tous les ans.



La place des femmes dans la société : entre régression sociale et patriarchie
Elles subissent de plein fouet la précarité dans une société plus que jamais destructrice en matière de protection sociale. Majoritaires à la tête des familles monoparentales dont plus de 40% vivent en dessous du seuil de pauvreté, elles gèrent bien souvent seules l'éducation des enfants avec un équilibre difficile à trouver lorsque les services publics de la petite enfance manquent terriblement ou que les garderies ne remplissent pas toutes les conditions d'une offre d'accueil de garde avec des horaires adaptés à une vie professionnelle hachée. Les plus jeunes subissent elles une nouvelle forme de ségrégation, chantage et autre forme de pression dénoncées par tous les mouvements féministes, souvent sans conséquences. La femme est aussi la cible de violences physiques et morales, combien se taisent encore victimes de ces violences au quotidien, alors que les associations d'aides et d'accueils d'urgence voient leurs financements reculer? Enfin, en matière de contraception, la pilule comme le droit à l'avortement ne sont pas des combats du passé définitivement acquis; là encore, les campagnes d'information faites auprès des femmes se sont raréfiées, les aides aux associations sont en net recul. Enfin, les lois Sarkozy sur la sécurité ont permis d’organiser la « chasse » aux prostituées désormais persécutées par la police. Déplacées des centres villes vers leurs périphéries, elles sont soumises à des conditions d’exercice encore plus dangereuses.
Nous devons nous battre pour imposer de nouvelles règles de protection sociale et physiques.

La place des femmes au travail : toujours des discriminations !
Elles sont plus touchées par le chômage; elles occupent la majorité des temps partiels non choisis et modestement rémunérés, au SMIC bien souvent; elles sont moins bien payées, moins 20% à compétence égale que les hommes sachant que ce chiffre ne représente qu'une moyenne sur un temps plein; si on intègre le temps partiel, c'est une différence de près de 40% de salaire qui est observée!
Les sanctions, les contrôle de l’inspection du travail dotée de nouveaux moyens, la publicité des pratiques doivent être notre priorité par une action volontariste des pouvoirs publics.

La place de la femme en politique : toujours insuffisante...
La Loi sur la Parité votée en 2002 a montré de réelles avancées sur les scrutins de liste, permettant l'émergence d'une nouvelle représentation dans les communes et les Régions. Mais dans ces collectivités, lorsqu'on observe le partage des responsabilités au sein des exécutifs, le compte n'y est pas. Ailleurs, à l'Assemblée Nationale, au Sénat, dans les Conseils Généraux, la France fait figure de lanterne rouge tant la représentation féminine y est faible. La Loi sur la Parité montre ses limites; elle peut être contournée par les partis politiques qui peuvent payer une amende à l'Etat contre un manque de représentation des femmes: pour ne pas avoir respecté la parité aux législatives de 2002, l'UMP a versé plus de 4,2 millions d'euros, le PS près d'1,6 millions.
Plus de contournement possible, arrêt de la possibilité d'amende, c'est l'engagement qui doit être pris pour les futures échéances! La société ne changera pas sans une égalité véritable dans l’accès aux responsabilités, et le partage des fonctions.

La réalité des conditions de vie des femmes nécessite un combat de tous les instants pour la liberté, l’égalité, la lutte contre les discriminations et la laïcité à travers un féminisme émancipateur et international.

C’est tout le sens de notre engagement pour l’universalité des droits humains. C’est l’essence même du socialisme. Pour cela il est urgent de :

Rénover maintenant les idées,
Rénover maintenant les pratiques,
Ensemble, rénovons maintenant les instruments du socialisme pour réaliser l’égalité entre hommes et femmes et soyons impitoyables avec ceux qui bafouent leur droit à la dignité.


Article co-rédigé avec Séverine Tessier.

5 commentaires:

Brigetoun a dit…

et un peu de fraternité ou sororité (mot affreux) de la part des femmes qui s'en sont sorties

Anonyme a dit…

Le constat n'est vraiment pas brillant effectivement et je crains que dans plusieurs domaines , nous ne sommes pas loin de la régression. Je suis effrayé de voir de plus en plus souvent en ville des femmes revétues de la bourka, pour quand la laisse? Je ne comprends pas ceux (une majorité je crains) de mes congénères mâles qui ont peur des femmes. Mais vous n'etes pas seules et nous sommes de plus en plus nombreux à faire notre votre combat. Disant cela je pense égoïstement à mes filles et à ma femme. Alors du courage et encore du courage!
Dernier point concernant la juste remarque de brigetoun, les femmes ne sont pas toujours les meilleures alliées des femmes, mais je dirais que c'est un dégat
collatéral de cette situation d'inégalité. Bravo pour le blog.
courtoisement Jacques

Anonyme a dit…

Une condition de la réussite de l'égalité femme / homme réside dans l'éducation des filles dés leurs premiers pas, si pas avant!

Anonyme a dit…

que nos chères femmes créent en 2007 la journée de la femme axé sur leurs succès plutôt que ce type de journée "murs des lamentations"

Anonyme a dit…

Plus qu'une question de rapport de force, l'égalité Homme/Femme me paraît être une question d'éducation : ELLE SE PREPARE DES LE BERCEAU!