02 juin 2006

Pffffffff

Pas le droit à la phrase qui surprend, tel est le cadre qui s'offre à nous aujourd'hui suite aux propos de Ségolène en cette période pré-présidentielle: une campagne qui n'a toujours pas commencé au Parti Socialiste, plutôt affairé sur l'écriture du projet, et l'adoption d'un calendrier extremement tardif pour aborder l'élection présidentielle. Alors la campagne de chacun se passe ailleurs, sous l'angle des médias, sur Internet via les blogs ou bien dans les fédérations socialistes. Une campagne sans en être une, cela commence à ressembler à un véritable camouflet qui pourrait jouer un très mauvais tour à la gauche, si avant d'essayer de se rassembler, elle observe les moindres faux pas, critique à tout va le candidat qui se démarque ou déforme ses propos.
Pas le droit à la différence en l'occurence pour Ségolène Royal. Quoi que l'on pense de ses opinions, il est des critiques qui commencent à s'accumuler, des esprits qui s'échauffent mais qui nous déservent et fragilisent tous. D'ailleurs les sondages d'opinions sont-ils meilleurs pour d'autres pour autant? Il n'y a pas d'effet balancier. Comment offrir l'espérance de la reconquête du pouvoir en ciblant nos énergies contre nos propres candidats à la candidature? Comment espérer le rassemblement derrière le ou la candidat(e) quand celui-ci ou celle-là aura été l'objet de critiques et coups bas ayant comme seule intention de lui nuire et l'affaiblir? Pour Laurent Fabius, la condamnation sans appel de toute part est tombée au moment du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, puis la raillerie sur sa proposition du SMIC à 1500 euros ... aujourd'hui heureusement dans le projet socialiste. Sur ce blog, je ne me mettrai donc pas sur ce terrain de la critique ouverte sans retenue de Ségolène, Jack, Dominique, Laurent, Lionel, Martine, François qui nous mènerait dans le mur.
C'est sûrement une constance dans la vie politique, vouloir affaiblir l'adversaire dans sa propre famille politique, plutôt que d'être dans la proposition des idées et d'en débattre dans le respect et l'écoute. Alors qu'on dénonçait il y a quelques jours l'absence d'un programme, d'idées, une constance particulière aussi envers les femmes en politique, personne ne peut nier que le débat a commencé et qu'il a surpris beaucoup!
J'écrivais il y a quelques jours sur ce blog que la sécurité devait être portée à gauche, que l'absence de propositions en la matière durant de trop longues années a étiqueté les socialistes de laxistes: "La lutte contre l'insécurité n'est ni de droite ni de gauche: tout responsable politique se doit d'offrir un cadre de vie digne et protégé à ses concitoyens dans l'exercice de son mandat. Mais la sécurité à gauche, c'est celle d'avoir un emploi stable et durable, c'est celle d'accéder aux études quelles que soient ses origines familiales, c'est celle de se loger décemment et donc d'avoir dans notre pays une offre de logements équitable sur l'ensemble de notre pays, que l'on vienne de Neuilly ou de Bondy, c'est pour les familles de pouvoir concilier l'éducation, la garde des enfants avec leur environnement professionnel, c'est accéder au service public de la santé, et c'est celle aussi de prévenir la délinquance comme de combattre durement toutes formes de violences.". Des solutions sont à trouver, de l'incontournable prévention qui doit guider nos priorités à la répression si nécessaire, c'est un chantier immense où rien ne devra être négligé.
Une chose est sûre: à l'approche de l'échéance de 2007, c'est bien 2 visions d'une société qui va s'offrir à nous:
- celle d'une vision libérale et profondément sécuritaire que nous propose Sarkozy et la droite qui n'accompagne pas ceux qui souffrent, pire les enfonce et les montre du doigt de manière communautariste, casse toutes les structures d'accompagnements éducatives et publiques en réduisant tous les moyens financiers, et entasse dans les prisons comme unique débouché tous ceux qui sortent du chemin;
- celle d'une vision progressiste, solidaire, qui accompagne ceux qui souffrent de la précarité, de l'absence de travail ou d'un logement décent, qui ne croient plus en cette République capable de leur offrir une perspective d'avenir et d'espoir de vivre mieux et, sur ce terrain, incontestablement, seul un candidat ou une candidate socialiste pourra être au rendez-vous.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

L’ordre n’est pas sympathique. Dans l’histoire du gendarme et du voleur, combien sommes-nous à préférer le voleur ? Il nous fait rire.
Dans la vie, c’est autre chose : personne n’apprécie d’être volé et combien de fois regrette-on l’absence d’un policier quand une voiture vous empêche de partir avec la vôtre ?

L’ordre est indispensable en société, sans lui celle-ci disparaît : elle laisse place à la jungle. L’ordre suppose l’autorité. Qui en a ? Le père de famille ? Il est discrédité par l’entreprise qui en a fait un chômeur ? L’école ? Elle ne mène à rien si on n’y va pas jusqu’à bien tard. Le prêtre ? Les églises sont désertes. Le patron ? Il n’embauche plus : il désembauche. L’adjudant ? Il n’y a plus de service militaire. Le politique ? Voyez les affaires. Le syndicat ? Il dénombre ses militants…Alors ?

Il reste l’Etat. Il lui appartient de taper du poing sur la table, de rassembler en lui toutes les autorités qui ne s’exercent plus. Et SEGOLENE vient de désigner le chemin à suivre pour rétablir la confiance des citoyens dans une société qui aspire à l’ordre.

Anonyme a dit…

On lui reprochait son silence. On lui reproche désormais d'avancer ses propositions. Pourtant les éléphants socialistes devraient se réjouir de voir Ségolène Royal avancer sur un terrain qui pourrait la mettre en porte à faux vis-à-vis des militants socialistes, les mêmes qui seront amenés à désigner le ou la candidate pour la présidentielle du printemps prochain.

Pour ma part, j'approuve les propos qu'elle a tenus hier à Bondy en banlieue parisienne.

Sur les allocations, elle propose une mise sous tutelle de celles-ci pour les parents défaillants. En politique les mots ont leur importance, il s'agit d'une mise sous tutelle et non d'une suspension et encore moins d'une suppression. La mise sous tutelle dans le droit civil, c'est confier la gestion des intérêts d'un individu jugé "incapable" - c'est le terme juridique" - à un tiers. C'est en conséquence une mesure d'accompagnement et non une mesure de répression.

Pour ce qui est de l'armée, il faut être sérieux. Il ne s'agit pas d'envoyer les enfants délinquants au gnouf. L'armée d'aujourd'hui n'est pas celle que nos parents ont connue. C'est une armée professionnelle qui procède tant à des opérations de maintien de la paix qu'à des opérations civiles comme lors du naufrage de l'Erika ou de la tempête de 1999. Il s'agit en conséquence d'offrir à de jeunes délinquants une alternative concrète à la prison qui leur permettra d'acquérir des valeurs et une formation professionnalisante.

Nicolas Sarkozy a beau jeu d'inviter Ségolène Royal à le rejoindre, je ne vois pas d'accroche entre eux. Lui prône la suspension des allocations familiales et le recours systématique à la prison via la réforme de l'ordonnance de 1945. Elle, leur mise sous tutelle et l'alternative à la prison pour remettre les jeunes en difficultés sur les rails. Ceci répondra également à l'interrogation du ministre de l'intérieur sur le fait que Ségolène Royal n'ait pas voté ses lois durant cette législature.

Au-delà du fond, Ségolène Royal a marqué des points hier. Elle a obligé tout à la fois les autres candidats socialistes à l'investiture et les frères rivaux de l'UMP, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin à se positionner vis-à-vis d'elle. Elle impose ses thèmes. Marque le tempo. Quelle meilleure façon d'enclencher une dynamique de campagne?

Brigetoun a dit…

oui bien sur la sécurité est importante notamment tout ce que tu reprends et qui ne saurait être négligé - oui pas de dénigrement mais il me semble vaguement que c'est Ségolène Royal qui se répend dans les médias en clamant qu'elle est la preuve que les socialistes s'en soucient comme si elle était la seule, et en droitisant, simplifiant et "martialisant" les propositions, ce qui es quand même une attitude pas franchement de gauche

Anonyme a dit…

BRigetoun...
Je crois plus au séisme du discours de Ségolene qu'à son contenu. D'autres mesures pourraient avoir le même résultat que celui qu'elle recherche ...
L'important n'est pas là, il est dans le remue ménage qu'il suscite. Et c'est la gauche qui prend le problème à bras le corps. Bravo.

Anonyme a dit…

Martine AUBRY, ancienne ministre de l'emploi et de la solidarité est l'invitée de la fédération d'Indre-et-Loire du Parti Socialiste pour venir parler du projet socialiste le 20 juin 2006 à TOURS. Réservez déjà votre soirée et n'hésitez pas à en parler à tous vos contacts.

(j'indiquerai l'heure et le lieu dès que j'aurai l'info > sachant par ailleurs que ça sera vers 18h30 - 19h - 19h30)

A l'heure de la pipolisation de la politique, il me semble important que l'on resitue le combat des socialistes pour une société juste et solidaire dans une perspective d'action collective.

Anonyme a dit…

Elections 2007 : le syndrome du mouchoir de poche ?

Décidemment, si le parti socialiste - je veux parler du couple Hollande - continue à prendre les français pour des ragondins, il y aura des soirées électorales qui pourraient bien nécessiter de prévoir des réserves importantes de mouchoirs de poche super absorbants.

Etrange comportement, non, que celui de ces deux là ! Quand l’une s’empresse de manger dans la gamelle sécuritaire de Mr Sarkozy, y rajoutant quelques fantasmes militaro musclés, l’autre se tait.
Quand, à l’instar du Medef, elle s’en prend aux 35 heures, il se tait encore.

Ce mutisme-là, n’est pas de bon augure. Tout se passe comme si le P.S. rôdait là une nouvelle manière de débattre avec les français : se servir des grands médias pour lancer des ballons et lire les sondages. Du débat virtuel, quoi.

Or, le dernier des électeurs – dont les doigts picotent à la perspective de faire la grande lessive dans quelques mois – sait que le moment est à l’élaboration par le PS d’une ligne programmatrice pour l’avenir proche.

Il sait aussi que cela patine.

Franchement, la pantalonnade de l’épisode Ségolène Royale ne cachera pas l’essentiel : si les électeurs de gauche ne retrouvent pas – à minima - leurs petits : confirmation des 35 H, renégociation de l’âge de la retraite (fonction publique et privé), pérennisation de la Sécurité Sociale, taxation des revenus spéculatifs, contrôle des licenciements abusifs et spéculatifs, une Europe sociale dans une France en 6eme République), alors, il y aura le feu au lac.

Des clowns au nez rouge, alors, au grand dame des professionnels pris de cris d’orfraie, prétendront « vouloir faire de la politique ».
L’homme à la chemise brune, lui, en ce début juin 2006, sourit du vent mauvais. »

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Raphael JORNET
Tours