13 octobre 2005

Un commando à Auxerre...

Faut-il s'en féliciter ou s'en plaindre? Le débat sur la place des femmes en politique semble revenir au premier plan, depuis que certaines, à gauche comme à droite, ont exprimé leur intention de se présenter éventuellement à la candidature suprême, la Présidence de la République.

Et puis, soudain, une petite ville de province, plus connue par son équipe de football et son célèbre entraîneur, sort de l'ombre et devient la scène nationale du combat féministe. Auxerre, petite ville tranquille, gérée par un maire socialiste et son équipe, composée d'hommes et de femmes, a vu débarquer une horde de journalistes et quelques femmes célèbres pour dénoncer le retrait de ses fonctions d'adjointes à une élue.
Surprise, questionnement et suspicion.

Surprise, car il s'agit là d'une décision d'un élu, en charge de ses responsabilités municipales et de sa vocation, je l'imagine à bien gérer sa ville, donc cela ressemble à de l'ingérence.

Questionnement car pourquoi, cet évènement, mineur, provoque de tels remous, un déplacement en mini bus d'élues de grandes villes, députées, pour une autre élue, que personne au fond avant cet évènement ne connaissait! Ah si, elle est membre de la direction nationale du PS, s'occupe du secrétariat national chargée des sports. Elle est jeune, ex femme d'un célèbre footballeur et a écrit un livre. Bon, d'accord.

Suspicion, car pourquoi un maire, entouré d'une telle "personnalité" au sein de son équipe, prend de tels risques en lui retirant ses délégations, passant ainsi pour un macho irréespectueux de la condition féminine?

Le maire en question est pourtant entouré d'autres femmes dans son équipe, même sa première adjointe, une vraie équipe paritaire . Donc, macho, et ennemi de la parité, j'en doute.

Il s'agirait plutôt de l'avenir d'une jeune femme propulsée là où peut-être dans l'exercice de son mandat, tout ne s'est pas passé comme prévu. Franchement, cela ne méritait pas un tel battage, et surtout pas un tel amalgame avec la cause féministe.

Le combat pour la juste égalité hommes-femmes en politique commence par le respect de leur représentation aux élections nationales. Aujourd'hui, les partis politiques préfèrent payer des amendes plutôt que d'investir des femmes.

Le combat pour la juste égalite hommes-femmes en politique passe par une juste répartition des responsabilités au sein des équipes, dans les exécutifs notamment des collectivités ou des organisations politiques.

Le combat pour la juste égalité hommes-femmes en politique passe enfin par un vrai statut de l'élu(e) permettant à chacun de s'investir tout en trouvant les moyens pour maintenir un équilibre de vie familiale...

Quant à la jeune femme en question, elle reste conseillère municipale, conseillère régionale... et au fond, laissons les auxerrois gérer leurs affaires!

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je partage de sentiment de malaise à voir débarquer un "commando" de paris, venu demander , très médiatiquement, des comptes à un maire sur ses décisions d'ordre municipal. Je ne suis pas certain que ce genre de démarches serve la cause des femmes en politique. D'autres moyens existent, comme cette initiatives des femmes élues de Corrèze, qui veulent montrer, en créant une association, "qu'elles font aussi bien que les hommes, dans un esprit de partenariat". France3 Limousin s'en est fait l'écho hier soir (la vidéo du JT est visible sur leur site), juste avant un sujet sur la mutualisation de leur représentation européenne des régions Limousin, Auvergne et Centre, à Bruxelles.

Anonyme a dit…

Adhérente du PS, j'ai été destinataire par ma fédé de bon nombres de communiqués de presse émanant de la mairie d'Auxerre, le maire, sa première adjointe, une autre élue aussi... Tout cela donne l'impression d'une opération calculée pour promouvoir le féminisme, jusque là ignoré par les défenseurs de la motion 1! mais je crois que l'initiative se retourne contre eux, personne n'est dupe.
Gaelle

Anonyme a dit…

Béatrice,
Si nous croyons en toi c'est que nous sommes forcément à 10000 lieues de ce tapage 'féministe'. Comment faire pour qu'on ne se trompe plus de débat. Qu'on ne catalogue plus les gens sur leur sexe, leur couleur de peau, leur couleur de cheveux ou leur origine rurale ?
Penses-tu qu'il faille suprimer la parité pour que la femme cesse d'être un quota (ou une discimination positive) et redevienne un Homme comme les autres ?

BA a dit…

La parité, j'avoue que cette loi m'a laissée perplexe à l'époque de son vote, parce que je pensais comme encore qu'on n'impose rien par la force. Et imposer la parité c'est admettre une forme de discrimination positive.
A l'épreuve du temps, je suis convaincue que cette loi était nécessaire et bonne: des milliers de femmes ont émergé dans les communes, les régions, grâce aux scrutins de liste. Et elles font leur preuve, amènent leurs expériences, leurs visions, leurs pratiques, et avouons que le paysage politique en a bénéficié. Cela a permis un vrai renouvellement (dont je suis aussi la preuve!) et un bol d'air à notre classe politique.
Mais le problème reste entier, car ce que je décris est aussi assez idéalisé et il reste encore beaucoup à faire pour que l’égalité soit réelle.
Là où la parité est imposée, elle est aussi détournée, à l'image des exécutifs dans les équipes, qui sont eux encore majoritairement masculins. Et les partis politiques argentés peuvent se permettre de payer des amendes s’ils n’appliquent pas l’égalité.
Et l'engagement politique attire encore globalement moins de femmes, car c'est un engagement difficile, où justement la femme n'est pas traitée à égalité de l'homme. La réforme des institutions pour laquelle je me bat va aussi dans ce sens, notamment sur le statut de l’élu.
La parité, celle que la loi impose, sera « supprimée » en tant que Loi le jour où effectivement la femme sera considérée à égalité de l'homme, dans les esprits et les pratiques... Mais les esprits évolueront avec le temps et les expériences, et lorsqu'on arrêtera de crier au machisme si une femme est débarquée de ses fonctions si elle est considérée "incompétente" par exemple ou en désaccord avec le reste de son équipe! D'ailleurs, en la matière, je le confirme, l'incompétence existe...chez l'Homme, c’est à dire à la juste égalité homme-femme, admettons le aussi ...!
Le jour où on supprimera la "parité" et quelque forme de quota sera celui où elle sera devenue inutile car l'égalité de tous sera un acquis, une évidence, une valeur mise en pratique tout simplement et où seules l'adaptation, l'utilité à la fonction seront prises en compte en se fixant l'objectif final et incontournable que notre classe politique soit représentative de la société.
Sans être pessimiste, je pense que ce sera encore long car ce sont des pratiques et des réflexes entiers à renouveler dans notre société, ses repères et les mentalités des un(e)s et des autres.
En attendant, le combat que je mène est un combat progressiste pour une véritable égalité et contre toute forme d'exclusion. C'est le sens du combat du féminisme actuel tel que je le conçois.
Et je t’invite à lire la contribution que j’ai signée en vue du congrès du PS. Elle est téléchargeable à l’adresse suivante : http://www.nouveau-ps.net/delia-cms/vie_parti/zoom/article_id-323/topic_id-98/contributions-thematiques.html