20 novembre 2005

Les retrouvailles du Mans

Trois journées s'achèvent, débats intenses, bousculades et défilés de présidentiables sous l'oeil des caméras, retrouvailles joyeuses avec des militants venus de la France entière- d'ailleurs rencontre avec le célèbre Fraise aussi!-, déchirures ou réconciliations... Le tout s'entremêle dans nos esprits bien fatigués à la sortie de ce congrès.

La capitale sarthoise, capitale des socialistes français pendant 3 journées a été le théâtre de nombreux rebondissements. Ainsi se termine, sous le signe d'une synthèse générale, 5 mois et demi de débats intenses et de déchirures marquées par les divergences de chacune des motions dans un climat qui me laisse songeuse.

Songeuse. L'unité retrouvée, affichée, ne se profilait pas à notre arrivée. De réunions de motions en rencontres diverses, trop de différences, trop d'écarts.

Songeuse. Les assemblées générales du NPS telles que nous les avons vécues de l'intérieur. Malgré la froideur de l'entrepôt gelé qui nous servait de point de chute, c'est une ambiance survoltée que nous avons trouvée samedi soir avant la commission de résolution. Des militants inquiets, soucieux que leur parole soit entendue et respectée. Il n'en fut rien. Une salle secouée et silencieuse de militants hagards ce matin à l'issue d'une nuit bien courte. Arnaud Montebourg a engagé un vote interne et l'a respecté dans cette nuit de samedi à dimanche avec quelques autres: respect de la parole militante, des textes fondateurs et de la rénovation, il ressort entouré de militants qui se sont vus dépossédés, dans l'amertume et la colère, de leurs choix majoritaires - décalage d'ailleurs à ce qu'on peut lire dans la presse-, par quelques uns plus soucieux d'un affichage de Congrès, telle une icône brandie comme une image posthume de ce congrès version 2005, ou d'autres intérêts incertains.

Songeuse. Ces trois journées, marquées par des discours intenses de nos présidentiables, tous s'armant de leur fougue, leurs convictions, leurs mots si bien choisis et savemment pesés. Chapeau bas devant autant de talent de ces tribuns. Et ensuite, les militants y allant de leurs commentaires: "moi j'ai été époustouflée par Fabius", "ah non, moi c'est DSK, quel pro de la communication"... Et puis "Hollande, très bon dans son marathon concluant ce congrès". La synthèse est un texte qui fixe une ligne, les présidentiables restent, espérons que chacun parlera du "nous" avant du "je" si important dans ce "jeu" de séduction. Faciles à repérer d'ailleurs ces présidentiables, à chacun de leurs déplacements, hordes de caméras et de projecteurs, seuls points de lumière dans cette immense salle bien sombre, objet de l'accouchement d'une synthèse, symbole elle de clarté retrouvée. A moins que cela ne soit le contraire.

Songeuse et réservée enfin. Importance de montrer un PS tourné vers l'avenir, apaisé, chacun le souhaitait en arrivant au Mans avec responsabilité et sagesse. Pas de sifflets dégradant l'adversaire à l'image d'un congrès de Rennes restée dans les mémoires. Respect mutuel des auditeurs de toutes les motions. Contrat moral face à une déchirure ouverte depuis plusieurs mois dans un parti en mal d'unité, de ligne politique, de recul par rapport à ses échecs.
Pourtant, cette synthèse laisse des doutes - et dans tous les rangs. D'autres congrès se sont terminés sans accord. Cette synthèse a été obtenue à l'arrachée en milieu de nuit avec des insuffisances nombreuses. Des déçus de DSK, aux ravis de Fabius, en passant par les divisés du NPS et le retour en force de Hollande, drôle de congrès qui marque le centième anniversaire du PS.

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