08 novembre 2005

L'urgence sociale

Tout feu, tout flamme, tel est le spectacle qui s'offre à nos yeux chaque jour. Ce matin, je croise un élu solognot, dépité, la mairie de Lamothe-Beuvron en ruine, totalement brulée, des élus locaux abasourdis, des employés en pleurs à la vue de ce spectacle. Et puis, l'effervescence au Conseil Régional, un de nos lycées situé à Bourges a été la cible, le lycée agricole: véhicules brulés, une grange, des élèves sous le choc. Notre vice-président, François Bonneau, sur le départ pour se rendre immédiatement sur place.
La liste pourrait être plus longue, sombre inventaire de cette journée qui ne fait que commencer, les informations me parviennent au fur et à mesure.

Autre image hier, celle de De Villepin, mes yeux rivés sur l'écran à attendre enfin une réponse adaptée pour retrouver à notre pays sa sérénité. J'ai écouté une réponse d'un autre temps, une référence à une période difficile de notre histoire qui lui a valu une loi permettant l'application du couvre-feu. J'attendais un plan d'urgence sociale, des mesures concrêtes, humaines, d'accompagnement de ces quartiers, de ces jeunes totalement déphasés, envers leurs familles totalement dépourvues d'autorité parentale. J'attendais un plan de renforcement et d'équipement pédagogique des structures scolaires et extra-scolaires. J'attendais des mesures concrêtes pour lutter contre la discrimination à l'embauche. A cela, le gouvernement répond par la force, la restriction des libertés, sous un habillage bien discret de mesures dont le financement n'a pas été abordé... La réactivation de la loi, quant à elle, est programmée. C'est dire.

J'attendais finalement des réponses à ce qui a fait le slogan d'une campagne électorale de Jacques Chirac sur la fracture sociale en 1995 et 2002. Lui, est aux abonnés absent.

Triste spectacle d'un gouvernement défaillant, d'un président de la République en fuite avec ses propres responsabilités, d'une politique indécente menée par la droite en faveur exclusivement des plus favorisés. La fracture sociale est bien là, pour longtemps encore, si on ne sanctionne pas politiquement ceux qui l'ont aggravée.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, cette réponse de "la banlieue" est inexcusable. Elle s'attaque aveuglément aux plus démunis dont les voitures ne sont pas dans les box protégés. L'égalité commence par l'égalité face au droit et au droit d'être protégé et de vivre en sécurité.

D'un côté ces jeunes sont désoeuvrés, de l'autre, on manque de jeunes pour s'occuper des anciens dans les centres d'accueil et les maisons de retraite ... Pourquoi il n'y a pas de liens ? Où est le blocage ?

"Ils" n'ont plus de référence mais "on" ne sait pas individuellement qui "ils" sont ! L'ampleur croissante au fur et à mesure de la médiatisation, prouve qu"ils" recherchent une reconnaissance médiatique, presque communautaire (appartenance aux révoltés). Et si les médias s'arrêtaient des filmer pendant que "la cité" s'occupait un peu d'eux au quotidien pour les connaître et s'occuper de leurs problèmes.

Cette révolte, comme beaucoup d'autres signes annonciateurs, est-elle le reflet d'un décalage de plus en plus grand entre l'oligarchie et le peuple ? La réponse devrait être les urnes, mais lorsque seuls les énarques sont candidats ... toujours cette notion de pensée unique.

J'ai entendu parler de problème d'intégration ; comment faire pour intégrer des français nés en France ?

Oui, nous devons ensemble trouver une porte de sortie. Les politiques, la police, le milieu assossiatif ne pourront pas répondre seuls. Et c'est autant un problème humain que financier.

La première chose dont il faut se préserver c'est de stigmatiser et de monter une partie de la population contre l'autre. Or si on écoute la rue, le ras le bol des 'victimes potentielles' s'épaissit et peut tourner d'un jour à l'autre à un appel à la vengeance (aveugle et stupide, bien évidemment).

Merci pour ton blog !!

BA a dit…

Effectivement, attention à ce qui peut se dire dans la rue: être à l'écoute car chacun a besoin de s'exprimer pour parler de ses inquiétudes, mais être vigilant aussi aux dérives faciles dans un contexte aussi tendu. C'est là où le rôle de chaque "citoyen" est essentiel, maintenir le lien, favoriser l'échange et ne pas laisser un climat de suspicion d'une partie de la population contre une autre.
On en parle peu. Pourtant une des conséquences de cette situation est l'incarcération massive, près de 200 personnes. Un rapport récent dénoncait pourtant l'état d'insalubrité et d'entassement des prisons françaises.
Quelle réintégration à la suite pour tous ces jeunes? Là aussi il y aura des réponses à trouver, la répression seule ne conviendra pas.

Anonyme a dit…

Sihel,

Ne leur en voulons pas. La majorité de ceux qui ont voté Hollande l'ont fait justement parce qu'ils redoutaient un nouveau congrès de Rennes. Sur le principe qu'un mauvais compromis vaut mieux qu'une bonne engueulade.

Je partage ton opinion sur le fait que cela va nous empêcher d'être imaginatifs et acteurs de notre destin. Mais en revanche, nous avons le devoir d'influer sur ce destin (à 25% ... )

Ce matin, au café, un anomyme disait : "la seule vraie opposition, c'est Bayrou, c'est le seul qui propose autre chose" et son ami lui répondait "oui, mais y a que Le Pen pour remttre de l'ordre dans les banlieues"
Bayrou-Le Pen ?? Et pourquoi nous ne représentons plus l'espoir ?

Retroussons-nous les manches pour convaincre.

BA a dit…

Sihel,
je comprends ta déception, je la partage. Ce n'était probablement encore pas "l'heure", d'autres réflexes ont joué, d'autres considérations, le "Tout Sauf Fabius" a été puissant aussi.La motion Hollande réalise un très bon score, mais moindre qu'au dernier congrès. Ses résultats s'effritent. Elle recueille la majorité, à elle de montrer le signe du "nouvel élan" tant attendu et du rassemblement.

Nous ne nous sommes pas trompés. Le NPS continue sa marche, certes lente, progresse et s'installe dans la durée, alors qu'il y a 3 ans, ce courant ne faisait que naitre. Aujourd'hui, cette force est la première "organisée" en tant que telle, le 1/4 du PS. Des militants répartis dans toute la France, d'origines sociales bien diverses, l'appui des jeunes socialistes, autre force significative...Et depuis 3 ans, tous nos choix ont montré que nous ne nous sommes pas trompés avec notre électorat, n'est ce pas le plus important? Et pour le reste du PS s'il veut bien nous entendre? Il faut continuer à y croire, le chemin est devant nous. Eric a raison, retroussons nous les manches!